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Se loger, mais à quel prix ?

le jeudi 15 avril 2021
Modifié à 15 h 31 min le 13 avril 2021
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

En cette période de renouvellement de bail, plusieurs stressent à l’idée de ne pas trouver un appartement à un prix qui leur convient. L’offre de logement est mince et chère dans la région. Si un ménage a la moindre contrainte, la recherche se complique davantage, comme le témoignent Laura Corbin et Anick Gendron. Laura Corbin et son conjoint habitent un 4 et demi à Mercier depuis deux ans qui leur coûte 1095 $ par mois. Au début de l’année 2021, le propriétaire les a avisés que le prix augmenterait de 155 $ par mois à partir de juillet. «On m’a dit que c’était parce que nous étions de bons payeurs. Sinon, ce serait 205 $ de plus», raconte la Merciéroise. Son propriétaire est en droit d’augmenter ainsi, puisque l’immeuble a été construit il y a moins de 5 ans. La clause F du bail autorise légalement les propriétaires d’immeubles récents à faire de telles augmentations sans que les locataires puissent contester. En d’autres mots, Mme Corbin a deux options: accepter la hausse ou déménager. Le hic, c’est qu’elle a deux chiens. «Je suis obligée d’accepter cette hausse aberrante, déplore-t-elle. J’ai regardé ailleurs, mais dès qu’on dit qu’on a des chiens, on nous ferme la porte. C’est impossible, quelle que soit la grandeur [du logement] .»

«Ça me coûtera 1250$ pour un 4 et demi à Mercier! On n’est pas sur l’île de Montréal ici» -Laura Corbin
Elle a tout de même fait des recherches dans l’espoir de trouver autre chose et, même en élargissant son périmètre de recherche, elle ne trouve rien de moins cher que ce qu’elle paiera en juillet. Elle remarque que les propriétaires ont le beau jeu, car en raison de la pénurie de logements, ils trouveront des locataires prêts à payer cher pour se loger. Son propriétaire affirme avoir une liste d’attente de gens intéressés. Des mois de recherche et de stress Anick Gendron avait écrit au Soleil de Châteauguay le 30 mars racontant qu’elle «avait la peur au ventre de se retrouver à la rue en juillet», puisque son propriétaire reprend son logement pour y habiter. Heureusement pour elle, lorsqu’on lui a parlé le 8 avril, elle venait de signer un bail pour un 4 et demi à Mercier où elle pourra vivre avec ses deux enfants et sa mère. Elle confie que les deux derniers mois ont été particulièrement stressants et les recherches, difficiles. «J’ai dû visiter une vingtaine de logements. Celui pour lequel j’ai signé, c’était la première fois que je me rendais à l’étape de l’enquête de crédit. Les autres fois, c’était loué trop rapidement.» La Châteauguoise dit avoir remarqué des cas d’abus de la part de propriétaires. «Certains demandaient un mois de loyer avant même qu’on ait vu l’appartement», raconte-t-elle. D’autres fois, le prix du logement changeait lors de la visite par rapport à ce qui avait été annoncé. «On m’a dit: t’es prête à mettre combien? Le propriétaire choisissait la meilleure offre, alors je ne l’ai pas eu», souligne-t-elle. Le fait d’avoir des enfants a aussi compliqué ses recherches. La majorité des annonces recherchent des personnes «seules, tranquilles et retraitées». À lire aussi : Des femmes aussi éprouvées par la crise du logement Le pire est à venir ? Des organismes communautaires ont sonné l’alarme récemment. Ils craignent que la crise du logement empire dans les prochains mois. «On est dans la période de renouvellement des baux. Les gens ne sont pas tous au courant qu’il y a une crise du logement présentement. Donc, un couple qui se sépare, une femme victime de violence conjugale qui doit quitter son logement, elle se met en recherche de logement et n’en trouve pas», expliquait Stéphane Moreau du Comité logement Rive-Sud le 30 mars en conférence de presse. Du côté du logement abordable, le directeur de l’Office municipal d’habitation de Châteauguay Bertrand Loiselle dit avoir 200 personnes sur la liste d’attente. «Et ce n’est pas significatif du besoin réel parce que quand on leur dit qu’il y a 5 ans d’attente, les gens raccrochent et ne s’inscrivent pas», mentionne-t-il. À lire aussi : VIDÉO-Crise du logement : l’aide des gouvernements réclamée Quelques chiffres
  • 200 : Nombre de personnes sur la liste d’attente de l’OMH de Châteauguay. Un nombre qui ne reflète pas la réalité selon l’organisme puisque plusieurs ménages ne s’inscrivent pas sur la liste lorsqu’ils apprennent qu’il y a 5 ans d’attente.
  • 1865 : Nombre de ménages dans la MRC de Roussillon qui consacrent plus de 50 % de son revenu au loyer.
  • 1 % : Taux d’inoccupation des logements à Châteauguay. On considère le marché équilibré lorsque le taux est de 3 %.
  • (Source : OMH et FROHME)