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Adoption de la loi 96 : Kahnawake coupe les ponts avec Québec

le mardi 31 mai 2022
Modifié à 18 h 39 min le 31 mai 2022
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Des membres de la communauté de Kahnawake ont manifesté à plusieurs reprises contre la loi 96. (Photo : Le Soleil de Châteauguay - Paula Dayan-Perez)

Le Conseil mohawk de Kahnawake (CMK) a mis sur glace les relations politiques avec le gouvernement du Québec à la suite de l’adoption de la réforme de la Charte de la langue française le 24 mai dernier, fait savoir la grande cheffe Kahsennenhawe Sky-Deer.

La loi 96 a été adoptée à l’Assemblée nationale avec 79 voix d’appui et 29 votes d’opposition. Elle aura des impacts sur l'accès aux services gouvernementaux pour la communauté autochtone, tels que la santé, l’éducation et le système de justice, soutient le conseil de bande.

Bien qu’il soit mécontent du résultat, le CMK dit ne pas «être surpris» par les actions de la Coalition avenir Québec.

«Le Québec a, une fois de plus, pris des décisions délibérément mal informées et ignorantes, sans consulter de manière appropriée ou prendre en compte de manière significative les innombrables efforts déployés par les peuples autochtones pour faire entendre leurs préoccupations», déclare le CMK par voie de communiqué.

À l’Assemblée nationale, le ministre responsable de la Langue française Simon Jolin-Barrette a affirmé que la loi n’aura pas d’impact sur les nations autochtones». 

M. Jolin-Barrette assure également que «le tout a été fait en respect des relations que nous avons avec les nations autochtones». 

Selon le département légal du conseil de bande, les propos du ministre sont différents de ce qui est écrit dans la loi, indique le chef du Conseil mohawk Michael Delisle. «Le ministre peut dire ‘ne vous inquiétez pas, vous interprétez mal, vous lisez mal’, mais que ce soit en anglais ou en français, il n'y a qu'un seul moyen de lire la loi à ce stade-ci.»

Impact sur la santé

Lisa Westaway, la directrice générale du Centre hospitalier Kateri-Memorial à Kahnawake, indique la loi 96 aura des répercussions sur l’accès aux services de santé pour les membres de sa communauté qui se font soigner autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de Kahnawake.

Kahnawake a un hôpital communautaire qui offre des services semblables aux CLSC. La clientèle peut entre autres, consulter un médecin de première ligne et des services pédiatriques. Il compte 15 lits d’hospitalisation, mais n’a pas de salle d’urgence. Il y a également un centre d’hébergement pour les aînés comportant 58 lits.

Pour accéder à d’autres services, les membres de la communauté doivent aller dans des centres hospitaliers en Montérégie. Plusieurs patients autochtones ont déjà de la difficulté à accéder à des services de santé en anglais, soutient Mme Westaway.

«Quand on regarde la situation de Joyce Echaquan il y a un an et demi, par exemple, ce genre d'événements fait peur, explique-t-elle. Donc, si vous pensez que vous allez vous présenter aux urgences et que vous ne pourrez pas vous exprimer ou recevoir des informations dans une langue que vous comprenez, vous êtes moins susceptible de rechercher des soins médicaux.»

La loi 96 aura également des impacts sur l’embauche de professionnels et gestionnaires pour travailler à Kahnawake, continue-t-elle. Des exigences de français seront mises en place pour accéder aux ordres de professionnels, résultant en moins de diplômés de Kahnawake, dont l’anglais est leur première langue. De plus, moins de professionnels qui parlent anglais diminue le bassin d’embauche pour Kahnawake.

Le Conseil mohawk de Kahnawake analyse les options légales et politiques pour contester la loi, affirme la grande cheffe Kahsennenhawe Sky-Deer.

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