Actualités

Aide alimentaire : quand le filet de sécurité en a plein les bras

le mercredi 19 octobre 2022
Modifié à 9 h 32 min le 19 octobre 2022
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Une bénévole de la Banque alimentaire de Châteauguay prépare des sacs de dons de denrées.(Photo : Le Soleil - Denis Germain)

Peu de gens sont à l’abri de l’inflation. Depuis la pandémie, les organismes communautaires de Châteauguay doivent composer avec une importante hausse de la demande d’aide. Les dons, provenant d’une population qui se voit obligée de se serrer la ceinture, sont également de plus en plus limités.

Un Merciérois reçoit de l’aide de la Rencontre châteauguoise depuis maintenant trois ans. Celui qui a demandé de demeurer anonyme recevait une livraison de nourriture de leur part d’une valeur de 100 à 120 $ une fois par mois. Depuis quelque temps, l’homme de 63 ans a dû augmenter la fréquence.

«Là, je ne suis plus capable d’y arriver alors je la prends deux fois par mois, indique-t-il. Je ne veux pas abuser non plus. Je suis quand même un bon cuisiner alors je suis capable de me débrouiller avec ce qu’ils me donnent.»

Moins de dons, plus de demande

La Rencontre châteaugoise est aux premières loges des effets de la hausse du coût de la vie sur la communauté.

Depuis le début de la pandémie, le nombre de ménages inscrits pour recevoir du dépannage alimentaire a doublé, indique la directrice générale, Josée Foucault. Jusqu’à 200 ménages reçoivent de l’aide alimentaire par semaine, dont 40 à 50 familles ukrainiennes récemment arrivées dans la région. Chaque semaine, l’organisme fournit également des fruits à environ 2 000 élèves qui n’ont pas de collation dans 14 écoles de Châteauguay. Ce sont 500 enfants de plus que l’année dernière.

La Rencontre châteaugoise reçoit des dons de Moisson Sud-Ouest, de divers commerces et de la population de la région. Même les donneurs ne sont pas épargnés par l’inflation, indique Mme Foucault.

«Par exemple, une épicerie qui nous donnait ses surplus, maintenant, elle vend ces surplus-là à moindre coût», explique-t-elle.

Marcia McInnis, la présidente de la Banque de nourriture de Châteauguay, rapporte également une augmentation du nombre de demandes d’aide et une diminution au niveau des dons.

Ceux qui donnent de leur temps dans les organismes de dépannage alimentaire de Châteauguay, comme Debbie Hofer à la Banque de nourriture, en ont plein les bras. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

La banque alimentaire reçoit environ 100 nouvelles inscriptions par année. Au 1er octobre 2022, 140 nouveaux ménages se sont ajoutés aux 2 000 qui étaient déjà sur la liste.

«De l'autre côté, ceux qui ont été assez gentils pour faire un petit don chaque mois quand ils le peuvent, que ce soit 20 $ ou 40 $ par mois, on a aussi remarqué qu’ils ne peuvent pas donner aussi souvent ni autant», affirme Mme McInnis.

Lors de sa collecte de denrées annuelle le 1er octobre dernier, l’organisme a amassé 238 boîtes de produits non périssables et 10 066,70 $ de dons en argent. Mme McInnis n’est pas en mesure de dire si ça suffira à combler la demande au cours de l’année.

En 2021, la banque avait reçu le double du nombre de boîtes par rapport à cette année et environ la moitié des dons en argent. Alors qu’avant la pandémie, la quantité de nourriture amassée lors de la collecte en automne pouvait durer jusqu’au printemps, l’organisme a dû commencer à en acheter au mois de février. Cette année ce sera probablement la même chose, indique Mme McInnis.

Les membres du conseil d'administration de la banque alimentaire réfléchissent présentement à la possibilité d’organiser un deuxième événement par année pour les aider à amasser des dons.

La Banque alimentaire réfléchit présentement à la possibilité d’organiser un deuxième événement par année pour les aider à amasser des dons. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

Un manque d’électroménagers

Du côté du Centre communautaire de Châteauguay, la demande de dépannage matériel, comme des vêtements et des meubles, a également doublé.

«Avant on pouvait recevoir cinq, six [demandes] par semaine. Parfois, il y a des semaines, on en reçoit cinq par jour. C’est énorme», exprime Sandrine Lacoste, adjointe administrative du centre communautaire.

L’organisme a notamment une liste d’attente d’une douzaine de personnes ayant besoin d’électroménagers. Récemment, le centre a réussi à dépanner une personne qui avait passé presque deux mois sans réfrigérateur.

Avec la pénurie de matériaux, les personnes qui s’achètent de nouveaux électroménagers peuvent attendre des mois avant de les recevoir, ce qui occasionne des délais sur les dons, ajoute Mme Lacoste.

Le Centre communautaire de Châteauguay invite les gens à le contacter s’ils ont des électroménagers fonctionnels et propres à donner.