chronique

Bébé mort à bord

le lundi 23 juillet 2018
Modifié à 11 h 26 min le 23 juillet 2018
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

(Opinion) Comment une personne peut-elle oublier son bébé dans l’auto ? C’est encore arrivé à Montréal en juin. Un poupon a été retrouvé mort dans une voiture où son père l’a oublié toute la journée. Un drame qui n’est pas unique. Un journaliste américain, Gene Weingarten, a réalisé un reportage très fouillé sur le sujet en 2008, qui lui a valu un Pulitzer. Entre 15 et 25 bébés décèdent chaque année aux États-Unis dans leur siège d'auto, victimes d’une distraction fatale. Le phénomène est relativement récent. Ironiquement, il résulte d’un geste pour améliorer la sécurité des enfants. «Il y a deux décennies, c’était assez rare. Mais, au début des années 1990, des experts en sécurité automobile ont établi que le coussin gonflable du côté passager pouvait tuer un enfant. Ils ont recommandé de placer les sièges pour bébé sur la banquette arrière et de tourner le visage des plus petits vers l’arrière», expose Gene Weingarten. Placé hors de la vue du conducteur, l’enfant est devenu à risque de se faire oublier. Et ça se produit. Des pères et des mères de tout âge et de toutes les origines ethniques en ont été victimes. «Des gens distraits, d’autres super organisés. Dans les dix dernières années, c’est arrivé à un dentiste, un travailleur social, un comptable, un soldat, un électricien, une infirmière», détaille le reporter. Dans chaque cas, le scénario est similaire. «Un parent aimant, un jour, est préoccupé, ou fâché par un changement dans sa routine, et il oublie son enfant dans la voiture.» Pour savoir comment une telle chose pouvait se produire, le journaliste a consulté des experts du cerveau. En gros, il nous apprend que cet organe comporte plusieurs compartiments, dont la conscience et le pilote automatique. En auto, la conscience cède souvent les commandes au pilote automatique pour se concentrer ailleurs. Le pilote automatique exécute la routine. Si déposer le bébé à la garderie n’en fait pas partie, il risque de passer tout droit. Pour éviter ça, il existe des dispositifs d’alerte. Deux écolières jumelles, Marie-Pier et Sophie Vermette-Lacroix, en ont même mis un au point, recommandé par la coroner Denyse Langelier. J’ai une meilleure solution. Infaillible. À 6 heures du matin, laissez donc les petits bébés dormir confortablement dans leur lit à la maison. Pas possible à cause du travail ? Alors allons-y pour un congé parental payé de quatre ans qui ferait grand bien aux tout-petits à tous les niveaux. À quatre ans, un enfant que l'on amène avec soi au travail par mégarde peut lui-même contribuer à sauver sa vie en lançant : pourquoi tu m'amènes ici ???