Automobiles

BMW M2 Competition 2019 : la survivante

le mercredi 20 mars 2019
Modifié à 9 h 00 min le 20 mars 2019
Le Guide de l'Auto
Article par William Clavey

PALM SPRINGS (Californie) – Au Guide de l’auto, nous évaluons des véhicules réalistes, ceux que les consommateurs achètent, tenant compte de caractéristiques rationnelles, comme l’espace de chargement, la consommation d’essence, la fiabilité et le rapport qualité prix.

Notre métier consiste à demeurer le plus objectif possible, car, après tout, en tant que journalistes, notre mission première est de guider les consommateurs durant leur processus d’achat.

Mais pour cette chronique, celle de la BMW M2 Competition 2019, j’écrirai plutôt avec mes tripes, car il n’y a absolument rien de rationnel associé à l’existence de ce bolide, si ce n’est que de s’évader sur une route éloignée de la civilisation.

Tout ce que l’on veut
Si vous êtes tanné d’entendre parler de voitures autonomes et électriques, de VUS, de boîtes automatiques et de systèmes d’aide à la conduite, vous serez ravi d’apprendre que BMW propose toujours une bagnole privée de superflu, mettant l’accent sur la conduite engagée.

Elle est en quelque sorte la survivante d’une industrie aseptisée.

Basée sur la plus petite « béhème » au sein de la marque bavaroise, la Série 2, la BMW M2 demeure l’une des autos sport les mieux accomplies du marché actuel. Elle a d’ailleurs raflé la deuxième position du Meilleur achat de sa catégorie dans Le Guide de l’auto 2019.

Cette année, on a introduit la déclinaison Competition. Le moteur six cylindres biturbo de 3,0 litres a été remplacé par celui des BMW M3 et M4. De même cylindrée, celui-ci (nom de code S55) est davantage axé sur les performances. Il déploie ainsi 405 chevaux, une augmentation de 40 chevaux. Même chose au niveau du couple, qui grimpe de 369 à 406 lb-pi.

Les amortisseurs ont également été remplacés par ceux des M3 et M4. La direction, le système antipatinage et le différentiel arrière ont tous été recalibrés. Les ingénieurs ont ensuite modifié le système d’admission d’air du moteur afin qu’il soit mieux adapté aux dimensions de la M2. De nouvelles jantes de 19 pouces, une grille réniforme élargie et noircie, ainsi que de nouvelles couleurs et agencements d’habitacle viennent compléter le tout.

Sans surprise, la M2 Competition s’offre uniquement avec un rouage à propulsion. Deux boîtes de vitesses sont au menu : une automatique à sept rapports avec double embrayage ou une bonne vieille manuelle à six rapports.

Ayant comme but de maximiser notre plaisir de conduite derrière le volant, notre modèle d’essai était équipé des trois pédales. Point final.

N’arrête surtout pas de piloter
Dès que l’on se glisse dans ses sièges de course étriqués, on constate que la M2 Competition ne demande qu’à être pilotée. Il suffit d’appuyer sur le bouton de démarrage rouge pour faire rugir le puissant six cylindres en ligne qui repose sous son capot. Celui-ci commande immédiatement le respect, et il n’y a rien sur la planche de bord spartiate pour attirer l’attention, seulement de simples et élégants cadrans analogiques.

Dans la région de Palm Springs, en Californie, les routes sont parfaites pour un bolide du genre. On roule dans un désert sec, sur une surface asphaltée lisse, sillonnant les canyons et montagnes des régions Box Canyon et Coachella. De mon bord, j’ai plutôt opté pour les routes longeant le majestueux lac salé Salton Sea.

On enfonce la lourde pédale d’embrayage, puis on enfile le premier rapport via le court levier de vitesses. On relâche la pédale de gauche. Son point friction est court, mais aussi précis que le mécanisme d’une horloge suisse.

Au premier coup de l’accélérateur, le six cylindres s’allume, beuglant d’un ton autoritaire sous les innombrables palmiers sud-californiens. Le train arrière se tasse un tantinet vers la droite sous la force des énormes pneus Michelin Pilot Super Sport de 265 mm de large, et en moins de cinq secondes, le petit coupé sport a déjà dépassé 100 km/h.

On lâche l’accélérateur, on enfonce la pédale d’embrayage, on passe au troisième rapport, et on répète l’exercice. La BMW et moi n’étions désormais qu’un, et rien ne pouvait nous arrêter.

À haute vitesse, la M2 Competiton sautille en raison de son court empattement. Elle vous parle, vous rappelant chaque seconde qu’elle ne vous rendra pas la tâche facile. Survitaminé par deux turbocompresseurs acharnés, son moteur livre une violente poussée de couple jusqu’à son limiteur de 7 000 tours/min. Quelle mélodie! Quel moteur!

La suspension est ferme – ajustable via trois modes –, rendant le solide châssis aussi agile qu’une gymnaste. La direction, dont la sensibilité est également ajustable, communique tout ce à quoi touchent les pneus avant. Facile à maîtriser, mais jamais docile, la M2, avec ses réflexes de félin et ses exquises mélodies, éveille le petit démon en nous, celui qui nous ordonne d’être rebelles.

À ce moment-ci d’un essai ordinaire, je serais en train de vous parler de l’espace de chargement du coffre, du confort de la banquette arrière et de la convivialité du système multimédia. Vous comprendrez pourquoi je laisse le vendeur du concessionnaire du coin s’en occuper à ma place!

Complètement envoûté par ma délinquante allemande, j’ai tout de même fini par m’arrêter à un centre touristique, comprenant une jolie plage sur le bord du lac, avec une vue à couper le souffle sur les montagnes de Santa Rosa. C’était l’endroit idéal pour prendre les photos de ma rutilante bagnole peinte en Sunset Orange. Au moment où j’enfonçais la pédale du centre, les énormes étriers ornés de la lettre « M » saisissaient des disques de 398 mm de diamètre à l’avant, 381 mm à l’arrière, permettant de ralentir ma voiture de course en un temps éclair.

Assis devant le lac, je me sentais décontracté, heureux, me souvenant soudainement pourquoi je faisais ce métier. Parce que l’automobile, c’est ma passion, et que des voitures comme la BMW M2 Competition 2019 ont été conçues pour la nourrir.