chronique
COVID-19

COVID-19 : La guerre en pantoufles

le dimanche 22 mars 2020
Modifié à 13 h 21 min le 22 mars 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Une guerre mondiale sévit. Comme en 14, une foule de pays sont en mode mobilisation. À lire aussi : COVID-19 - La Bourse ou la vie Une mobilisation surréaliste. Pas de conscription. Pas un jeune homme arraché à sa famille pour défendre son pays à l'autre bout du monde. Personne qui se retrouve du jour au lendemain un fusil à la main, avec la consigne de tuer son prochain. Personne envoyé dans une tranchée, souffrant du froid, de la pluie, de la faim, du stress astronomique des balles qui sifflent, des bombes qui explosent. Personne qui voit son camarade déchiqueté par un obus. Personne qui revient le corps mutilé, la moitié du visage arraché. L'effort que nos gouvernements nous demandent pour être un bon "soldat", c'est de rester chez soi en pantoufles. Pas de sauter en parachute derrière les lignes ennemies : profiter du confort de notre foyer en maintenant une saine distance avec nos voisins. Relaxer, lire, dessiner des arcs-en-ciel, Facetimer grand-mère, cuisiner, manger, etc. etc. jouer, profiter de la vie en famille, promener le chien, manger. Pourquoi ? Parce que l'armée COVID-19 du maréchal Coronavirus que nous affrontons est cruelle, sans pitié et plus rusée que les Grecs qui se sont cachés dans un cheval pour pénétrer les défenses de Troie. Les soldats de COVID-19 ont un atout de taille : leur dimension les rend invisibles à l'oeil nu. L'attaque aérienne est leur arme la plus redoutable. Pour éliminer toujours plus d'êtres humains, ils les font tousser et se propulsent ainsi de l'un à l'autre dans leur salive. À son insu, la personne infectée devient un ennemi qui s'ignore. Si elle ne prend pas de précautions, la personne devenue un porte-avions pour la COVID-19 transforme d'autres êtres humains en nouveaux porte-avions. Heureusement, les avions de l'ennemi n'ont pas  la portée du biplan Avro 504 de la Première guerre mondiale. Ils volent à peine quelques centimètres. Ils profitent de la propension des humains à se rapprocher pour gagner du terrain. En maintenant une "distance sociale" d'un mètre, on est hors d'atteinte. Le maréchal Coronavirus est très rusé, je l'ai dit. Il a pensé à un truc pour atteindre ses cibles les plus vulnérables : les personnes âgées de plus de 70 ans. Voici un des plans qu'il fomente. Il essaie d'infecter plein de plus jeunes. Ça marche. L'un d'eux a un accident et est gravement blessé. Des ambulanciers, policiers et pompiers volent à son secours et s'exposent au virus. Ces gens ne peuvent pratiquer le télétravail. Et c'est bien difficile de sortir un occupant d'une voiture sans le toucher. Les secouristes risquent carrément leur vie, malgré toutes les précautions qu'ils prennent. Les employés de la santé aussi. Eux ne font pas la guerre en pantoufles. Ils sont au front. Et on l'a vu. Certains meurent sous les assauts de la COVID-19. Mais c'est pas tout. Un pompier peut attraper la maladie. Et la transmettre à sa conjointe infirmière qui travaille dans un CHSLD. Où Coronavirus réussit un carnage. Je ne dis pas que c'est le scénario qui s'est produit à Lavaltrie où 4 personnes âgées d'un centre ont succombé au virus. C'est un plan possible, selon des sources dignes de foi. En faisant bien la guerre en pantoufles, on réduit les risques de blesser ou même tuer les anges gardiens du réseau de la santé, comme les appelle François Legault. Les gens qui sont toujours au travail dans le secteur des services sont aussi admirables, comme le personnel des pharmacies, des épiceries, des restaurants, les livreurs de tout acabit, les chauffeurs d'autobus, les camionneurs, éducatrices en garderie et autres sont aussi des braves. Ils se battent au front puisqu'on puisse être bien nourri, bien soigné et bien protégé. Des mesures sont en place pour réduire les risques. Entre autres, la fameuse règle du mètre de distance. Le minimum de décence c'est de respecter les consignes et de reconnaître la contribution de ces gens. Ils méritent qu'on les remercie du fond du coeur et qu'on prenne soin d'eux. En fait, on mérite tous de prendre soin de nous tous.  Et je rappelle qu'aucune bombe à neutrons ou mitraillette n'est nécessaire pour combattre l'armée de la COVID-19 . En plus de la distanciation sociale, il suffit de lui passer un sacré savon, mon adjudant ! En conclusion, je dirai merci à ma charmante épouse pour le joli titre de cette chronique. Il origine d'une histoire qu'elle m'a racontée. À l'époque où elle était pensionnaire pour devenir professeure d'école, à 17 ans, une bonne soeur lui enseignait. Les élèves l'appelaient affectueusement  "la science en pantoufles". Je lui dédie ce texte de Boucar Diouf : "Ce virus qui donne envie d'encenser les enseignantes" Mon âme soeur, ma chère Claire Sirois s'est dévouée auprès des enfants pendant 33 ans.

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