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De Kiev à Châteauguay : parcours de réfugiés, deux ans plus tard

le mercredi 10 avril 2024
Modifié à 8 h 43 min le 12 avril 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Ce mois d’avril marque le deuxième anniversaire de l’arrivée en sol canadien de nombreux Ukrainiens qui ont fui la guerre en 2022. C’est le cas des familles de Violetta Kopanska et Viktoriia Gabal qui ont été accueillies dans la région de Châteauguay à ce moment-là. Le Journal a pris de leurs nouvelles la semaine dernière.

Violetta Kopanska a fui Kiev, la capitale de l’Ukraine, au début de la guerre avec sa mère, son frère, sa sœur. Son père n’a malheureusement pas pu quitter le pays. Ils ont été accueillis par une tante, qui habite Léry depuis quelques années. À ce moment-là, ils étaient 11 personnes dans la même maison. «Après un mois, on s’est dit : il faut déménager !, raconte en riant Mme Kopanska. On n’avait pas d’argent pour louer un appartement. Il y a une madame qui vit seul qui nous a proposé d’habiter avec elle.»

Violetta Kopanska travaille aujourd’hui chez le fleuriste Cachet Ampleman à Châteauguay. (Photo : Le Soleil -Denis Germain)

La famille y restera trois mois. «C’est vraiment une femme incroyable car elle nous a hébergé tout le temps dont nous avions besoin. Peu de gens voulaient accueillir une famille de quatre personnes», explique la femme de 25 ans. La Châteauguoise a gardé un lien avec cette femme qu’elle considère «comme une famille québécoise». La famille Kopanska vit maintenant dans son propre appartement à Châteauguay. Violetta travaille chez le fleuriste Cachet Ampleman à Châteauguay, sa mère Tetiana s’est ouvert un petit salon de coiffure à Châteauguay et travaille aussi au salon Elixir et spa, tandis que son frère et sa sœur fréquentent l’école secondaire.

Le défi du français

L’intégration a été difficile au départ pour la famille puisqu’ils ne parlaient pas français. Dès leur arrivée, ils ont entamé des cours de francisation. «C’était difficile au début de trouver du travail parce qu’on ne parlait pas le français. C’était aussi difficile de trouver un appartement parce qu’on n’avait pas de dossier de crédit», explique-t-elle pendant l’entrevue qui s’est déroulée en français.

La famille de Violetta aime la région de Châteauguay pour sa nature et sa tranquillité. Elle apprécie aussi toute l’aide qu’elle a reçue de la communauté. En plus de la dame qui l’a hébergé, elle souligne l’appui de son patron qui l’a entre autres aider à se pratiquer pour obtenir son permis de conduire ici. Les Châteauguois d’adoption envisagent maintenant de rester au Canada et commenceront le processus d’immigration.

Retour en Europe

La famille de Viktoriia Gabal est une des premières arrivées dans la région en 2022. Le Soleil de Châteauguay avait d’ailleurs raconté son histoire à l’époque. Mme Gabal avait reçu l’aide de Nathalie Soque  et avait obtenu un emploi comme assistante dentaire à son cabinet de Châteauguay.

Michel Renaud et Natalie Socqué (à gauche) ont aidé Viktoria Gabal, Maksym Skrypka et leurs enfants Danil et Dominica à préparer leur arrivée au Canada en 2022. (Photo : Le Soleil - Archives) 

En entrevue au Soleil le 4 avril, Viktoriia Gabal a confié qu’elle et son conjoint ont retourneront vivre en Europe cet été. Ils ont pris cette décision dans l’espoir qu’elle puisse pratiquer sa profession de dentiste plus facilement qu’au Canada.

Difficile reconnaissance du métier

Depuis son arrivée au pays, elle travaille comme assistante dentaire, mais a réalisé qu’il est difficile pour elle d’aspirer à de meilleures conditions dans son domaine sans recommencer toutes ses études. «Je suis une dentiste de profession en Ukraine avec 15 ans d’expérience. Dans certains pays, tu peux travailler comme hygiéniste sous la supervision d’un dentiste, mais ce n’est pas le cas au Canada», explique-t-elle. Pour être hygiéniste, elle doit faire un à trois ans au Cégep, malgré sa formation universitaire de 9 ans en Ukraine. Elle aurait pu faire un programme d’un an, mais pendant cette période, elle ne pourrait pas travailler. « Avec deux jeunes enfants c’est difficile», souligne-t-elle.

Viktoriia Gabal accompagnée de son conjoint Maksym,ses enfants Danil et Dominica et Victor, père de Maksym en visite à Montréal en 2023. (Photo : gracieuseté)

À cela s’ajoute l’apprentissage du français. «Je dois apprendre le français. Je comprends et je respecte ça. C’est comme en Ukraine où tu dois apprendre l’ukrainien», souligne-t-elle. Elle mentionne que les personnes qui font des cours de francisation à temps plein reçoivent 800 $ par mois, ce qui n’est suffisant pour subvenir aux besoins de sa famille selon Mme Gabal. Son conjoint et elle travaillent depuis leur arrivée au Canada.

Ils sont tout de même attachés à la région qui les a accueillis à bras ouvert. «Il y a beaucoup de gens qui nous ont aidé. On a Luc et Diane de Sainte-Martine qu’on appelle nos grands-parents canadiens !» confie-t-elle. Le programme SAFIR les a aussi soutenus notamment pour trouver une garderie. Elle espère garder contact avec «sa famille canadienne» après son départ.