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Déversement de carburant : Kahnawake poursuit la Ville de Châteauguay

le jeudi 08 août 2024
Modifié à 16 h 23 min le 08 août 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Des sacs de sable avaient été installés dans rivière Suzanne, à Kahnawake, pour limiter la contamination cet hiver. (Photo : Le Soleil - Archives)

Le Conseil mohawk de Kahnawake réclame 500 000 $ en dommages à la Ville de Châteauguay en lien avec le déversement de carburant survenu en février.

Le Conseil mohawk a entrepris des démarches juridiques contre sa voisine puisqu’il considère «que le Service de sécurité incendie de Châteauguay n’a pas réussi à gérer adéquatement le déversement lors de son intervention, ce qui a potentiellement aggravé les dommages subis par Kahnawake».

Il reproche également à la Ville de ne pas avoir avisé Environnement Québec et Environnement Canada du déversement de carburant du 1er février, «ce qui soulève des questions sur le manque de transparence et des impacts environnementaux potentiels».

Le 9 février 2024, les autorités de Kahnawake ont été alertées par des résidents de la communauté autochtone qu’il y avait une odeur de carburant dans le secteur de la route Zachary. La présence de carburant a été confirmée dans un fossé à proximité. Par la suite, du carburant a également été localisé dans la rivière Suzanne, qui traverse les territoires de Châteauguay et Kahnawake.

Camion-citerne

Quelques jours auparavant, le 1er février, les pompiers de Châteauguay ont été appelés à intervenir au 2325, boulevard Ford puisque le propriétaire du terrain demandait qu’un camion-citerne entreposé à cet endroit soit remorqué. «Le camion-citerne présentait alors une perte de liquide limitée. Les pompiers ont inspecté les lieux et noté que la fuite était limitée et circonscrite, qu’il n’y avait aucune propagation de la contamination sur le site, pas plus que dans l’égout pluvial et le fossé», expliquait le maire de Châteauguay Éric Allard en entrevue le 29 février, précisant «que les pompiers avaient cogné sur le camion-citerne pour voir s’il y avait quelque chose dedans et qu’il était vide».

Le propriétaire du camion-citerne s’était alors engagé «à disposer correctement les quelques litres récupérés dans des contenants scellés puis de faire remorquer son camion», selon la Ville. Les autorités environnementales du Québec et du Canada ont été avisées une dizaine de jours plus tard lorsque Kahnawake a découvert le déversement sur son territoire.

À lire aussi : Déversement à Châteauguay : décontamination en cours

Dommages de nettoyage

Dans sa requête, Kahnawake réclame 500 000 $ en dommages pour les coûts qui ont dû être déboursés en nettoyage et en décontamination. «Le Conseil mohawk a dû faire de nombreux travaux pour décontaminer les sols pollués par le déversement de carburant, dont l’installation de barrages de rétention et de barrages absorbants pour piéger et collecter le carburant ainsi que l'enlèvement et l'élimination de plusieurs zones de débris accumulés (bâtons et végétation) recouverts de carburant», écrit le conseil dans sa requête déposée au palais de justice de Valleyfield.

En entrevue au Journal, le grand chef de Kahnawake Cody Diabo a ajouté qu’il y a des impacts à long terme de ce déversement. «On devra monitorer pendant deux ans le secteur puisque ça s’est étendu dans des milieux humides où on ne pouvait pas intervenir avec de la machinerie puisque ça aurait causé plus de dommages encore», explique-t-il.

«On veut que les responsables paient pour ce déversement», ajoute le grand chef.

Les quantités totales de carburant déversées n’ont jamais été rendues publiques.

Invitée à commenter, la Ville de Châteauguay a mentionné être «à la fois surprise et déçue du processus entamé par le Conseil mohawk de Kahnawà:ke. [Nous avons] toujours eu à coeur le maintien des bonnes relations avec la population voisine de Kahnawà:ke et [espérons] que cette action n’affectera pas le dialogue et la collaboration entre les deux communautés». Elle analyse requête déposée par le conseil mohawk et n'émettra pas d'autre commentaire «dans l'immédiat».