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Déversement de produit pétrolier à Châteauguay : les circonstances demeurent nébuleuses

le jeudi 29 février 2024
Modifié à 15 h 15 min le 01 mars 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Des équipes du ministère de l’Environnement du Québec effectuent des travaux de pompage et d’excavation dans le parc industriel de Châteauguay cette semaine pour récupérer des produits pétroliers dans un fossé. Les causes et circonstances de ce déversement demeurent nébuleuses et sous enquête.

Selon le ministère de l’Environnement, «le déversement serait survenu le 1er février en provenance d’un camion-citerne appartenant à la compagnie La Pétrolière N&R Sol», indique Ghizlane Behdaoui, porte-parole régionale au Ministère. Cette dernière n’est pas en mesure de dire quelle quantité de matière a été déversée jusqu’à maintenant.

Mme Behdaoui a indiqué au Journal le 28 février qu’Urgence-Environnement n’avait pas été avisé du déversement du 1er février par le Service incendie de Châteauguay lorsque celui-ci est intervenu. Pour la Ville de Châteauguay, le lien entre l’intervention du 1er février et l’actuelle contamination reste à établir.

«Le 1er février, c’était un incident routinier pour le Service incendie. Ce n’était pas un déversement comme c’est [le cas] là, a affirmé le maire de Châteauguay Éric Allard en entrevue. En fait, on essaie de comprendre ce qui s’est passé entre le 1er février et quand ça a été soulevé de notre côté le 12 février.»

Le 1er février, les services de police et d’incendie de Châteauguay ont été appelés au 2325, boulevard Ford par le propriétaire du terrain qui voulait que le camion-citerne en question soit remorqué, indique la Ville dans un communiqué. Cet endroit est également l’adresse de l’entreprise La Pétrolière N&R Sol, qui n’est toutefois pas propriétaire du site.

«Le camion-citerne présentait alors une perte de liquide limitée. Les pompiers ont inspecté les lieux et noté que la fuite était limitée et circonscrite, qu’il n’y avait aucune propagation de la contamination sur le site, pas plus que dans l’égout pluvial et le fossé», informe la Ville. M. Allard a ajouté en entrevue que les pompiers ont «cogné sur le camion-citerne pour voir s’il y avait quelque chose dedans et qu’il était vide».

Le propriétaire du camion-citerne s’était alors engagé «à disposer correctement les quelques litres récupérés dans des contenants scellés puis de faire remorquer son camion», précise la Ville.

Onze jours plus tard, Urgence-Environnement a été informé d’un déversement par Environnement Canada. Ce dernier avait été alerté par la communauté de Kahnawake qui avait constaté la présence de carburant dans un fossé de leur territoire, le 9 février.

«Lors de l'intervention des services d'Urgence-Environnement [le 12 février], l'intervenant a constaté que le camion-citerne avait été retiré du terrain, mais des traces de produits pétroliers ont été constatées sur le terrain et dans un fossé à proximité», mentionne Mme Behdaoui. Depuis, un poste de coordination mobile, le laboratoire spécialisé aéroportable et le laboratoire d’expertise en analyse environnementale ont été déployés sur le terrain, ajoute-t-elle.

Du pompage était effectué le mardi 27 février devant le 2325, boulevard Ford à Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Le maire de Châteauguay assure que sa municipalité collabore avec les différentes instances impliquées dans le dossier et qualifie la situation de «choquante et terrible autant pour nos résidents que ceux de Kahnawake».

Propriétaire décédé

Le propriétaire du camion-citerne en question est décédé subitement pendant la fin de semaine 24 février, a annoncé la Ville, ce qui rend «l’investigation plus compliquée». Le Soleil de Châteauguay a aussi tenté de joindre la compagnie. Or, les numéros de téléphone disponibles sur le web ne sont plus en service.

Mobilisation à Kahnawake

Bien que de la présence de diesel ait aussi été constatée dans la rivière Suzanne à Kahnawake, située tout près du boulevard Ford, le ministère de l’Environnement ne peut pas faire de lien entre les deux pour l’instant. «Les éléments dont dispose le Ministère ne permettent (pas) de confirmer si les deux évènements sont reliés et les vérifications se poursuivent», mentionne la porte-parole.

À lire aussi : Déversement de carburant : la source pointe vers Châteauguay, selon Kahnawake

Du côté de Kahnawake, la mobilisation s’est poursuivie la semaine dernière pour tenter de contenir le plus possible la contamination sur son territoire. Le 27 février, des bénévoles ont aidé le Bureau de protection de l’environnement de Kahnawake à préparer 600 sacs de sable, derrière le 256, boulevard Industriel [du côté de Kahnawake] pour solidifier les barrages de confinement. «La raison pour laquelle nous nous mobilisons aussi rapidement, c’est à cause de la température qui s’adoucit et que nous recevrons bientôt de la pluie», a expliqué Tyler Moulton, coordonnateur des projets environnementaux au Bureau de protection de l’environnement de Kahnawake, rencontré sur place mercredi.

Des sacs de sable ont été installés pour créer un barrage dans la rivière Suzanne à la limite de Kahnawake et Châteauguay. On peut voir derrière un immeuble du parc industriel de Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Valérie Lessard)

Il craint que la hausse du niveau de l’eau dans les fossés réduise l’efficacité des mesures de confinement du produit pétrolier. Il saluait le fait que l’excavation était sur le point de commencer du côté de Châteauguay. «On apprécie parce que ça limite la matière qui continue de venir par ici. Mais nous sommes le 25 février. Ça aura pris trois semaines et demie avant que de telles mesures soient prises», a-t-il mentionné.

Le Ministère dit s’assurer «que les mesures nécessaires à la sécurité de la population et à la protection de l’environnement soient mises en place et n’exclut aucun recours pour le retour à la conformité».