Opinion

Enfant ou pas, on ne doit rien à personne

le lundi 29 février 2016
Modifié à 0 h 00 min le 29 février 2016
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

La semaine dernière, un texte d’une blogueuse du Huffington Post Québec intitulé «T’as pas d’enfant, tu m’en dois une!» a littéralement enflammé ma page Facebook.

Dans son texte, Bianca Longpré, qui se définit comme une maman de quatre enfants, explique qu’elle a eu des enfants pour donner et partager tout ce qu’elle avait reçu de la vie, de ses parents. À son avis, c’est par égoïsme que des gens font le choix de ne pas avoir d’enfants. «Avoir des enfants c’est la seule façon de vraiment redonner au suivant, ou devenir travailleur humanitaire à temps plein, c’est la seule façon de partager ce qu’on a reçu de nos parents», écrit-elle. Elle va plus loin en disant que les parents contribuent au futur de la société en créant de la relève, ce que les «sans enfants» ne font évidemment pas. Aussi, les parents ne seraient pas suffisamment soutenus pour leurs efforts de société par l’État. «Donc ceux qui choisissent de pouvoir dormir le matin et de ne pas redonner tout ce qu'ils ont reçu nous en doivent une. En gardant pour eux tout leur temps, tout leur argent, toutes leurs valeurs, tout leur sommeil, les «sans enfant» devraient cotiser davantage que ceux «avec enfant», écrit la blogueuse. Ce texte a évidemment enflammé les réseaux sociaux et a créé des débats avec/pas d’enfants. Cette controverse tombe dans une drôle de période pour moi, car je n’appartiens à aucun des camps. Je n’ai pas d’enfants, mais ça adonne que j’en porte un depuis plusieurs mois.

J’estime que Mme Longpré manque franchement de nuance dans son discours. Qu’elle ait eu des enfants pour «offrir à la société ce qu’il y a de plus important : une relève» lui appartient. Je peux cependant vous confirmer que ce n’est pas cette raison qui a motivé mon désir de fonder une famille. Au contraire, je dirais que c’est un choix très égoïste de ma part, qui n’a rien à voir avec l’avenir de la société. C’est un projet de vie personnel que j’ai envie de vivre avec mon conjoint. Comme c’est justement un choix personnel, je n’irai pas emmerder ceux qui décident de ne pas participer à l’aventure parentale.

C’est aussi faux de prétendre que les sans enfants devraient cotiser davantage à la société pour pallier aux «sacrifices de millions de parents». À ce que je sache, tous les travailleurs, marmaille ou pas, cotisent au régime québécois d’assurance parentale. Tous les propriétaires paient des taxes scolaires. Le journaliste de Radio-Canada spécialisé en économie, Gérald Fillion, rappelait d’ailleurs que les gens sans enfant paient plus d’impôts que ceux qui se sont reproduits.  Arrêtons de mettre sur un piédestal les mamans et les papas. Ils ont choisi ce statut. ET qu’on laisse tranquilles ceux que ça n’intéresse pas.