Tribune libre
Opinion

Espaces verts et santé publique

le vendredi 27 novembre 2020
Modifié à 11 h 08 min le 25 novembre 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Ce n'est pas d'hier que la valeur écologique de la ceinture verte Châteauguay-Léry est connue. Dans les années 1980, le groupe environnemental Option verte avait commandé à un biologiste la première étude sur l'importance environnementale des territoires contigus au Centre écologique Fernand-Seguin, et de nombreuses autres recherches sont venues confirmer par la suite la richesse des lieux à cet égard. Dans le cadre de la consultation menée par la MRC de Roussillon sur le projet de règlement 215, plusieurs organismes et citoyens ont déposé des mémoires et exprimé des commentaires insistant avec justesse sur la très grande valeur de ces habitats pour la flore et la faune. Pour ma part, j'aimerais attirer l'attention des autorités politiques sur les bienfaits que la protection intégrale de cette ceinture verte peut apporter aux humains qui la fréquentent. Le printemps dernier, au plus fort du confinement imposé par la propagation de la COVID-19, les parcs urbains bondés ont révélé à quel point les espaces verts pouvaient revêtir une grande importance pour la population, alors que le déconfinement a par la suite fait exploser la popularité des parcs nationaux et de l'ensemble des aires naturelles protégées. Trois ans avant de se retrouver quotidiennement sous les projecteurs, l'Institut national de santé publique du Québec a publié une étude intitulée Verdir les villes pour la santé de la population, une revue de littérature scientifique réalisée sous l'angle des changements climatiques. Sans véritable surprise, ce rapport souligne que les espaces verts sont bénéfiques pour la santé physique, allant même jusqu'à réduire la mortalité associée à certaines maladies, et sont aussi bénéfiques pour la santé mentale en diminuant les symptômes de dépression et le stress, tout en favorisant le bien-être et la bonne humeur. De telles retombées positives amènent l'Organisation mondiale de la santé à recommander que la distance maximale entre un domicile et un espace vert soit de 300 mètres. De très nombreux citadins sont bien loin du compte, hélas! Dans le même esprit, un sondage mené par des chercheurs de l'UQAM auprès de 1 200 Québécois a révélé qu'après une escapade dans un parc national, environ 85 % des répondants s'étaient sentis à la fois plus apaisés, heureux et positifs, alors que 71 % d'entre eux avaient bénéficié d'un meilleur sommeil. Avec toute la documentation démontrant depuis des décennies à quel point la nature peut être bienfaisante, comment expliquer que les gouvernements ne réussissent toujours pas à atteindre leurs objectifs de protection des territoires naturels, et que bon nombre de municipalités demeurent aussi à la traîne en ce domaine? J'espère donc de tout cœur que la MRC de Roussillon, ainsi que les villes de Léry et Châteauguay, seront visionnaires et mettront tout en œuvre pour protéger intégralement ces territoires naturels des plus précieux, et cela pour le plus grand bénéfice des générations présentes et futures. Un peu de vision, de grâce, avant qu'il ne soit trop tard! Michel Préville Rédacteur en chef du magazine QuébecOiseaux