chronique
Opinion

Le lapin de 2h00

le mardi 24 mai 2016
Modifié à 0 h 00 min le 24 mai 2016
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Debout à 5h30. Y pleuvait à «siaux». Y ventait à écorner les boeufs. On gelait comme des balles.

C’était le matin de la fête des Mères. Jour de course à pied à Châteauguay. J’avais promis de faire le lapin. Je n’étais pas pour en poser un. On peut poser un lapin avec un Kodak mais j’emploie l’expression dans le sens de ne pas se rendre à un rendez-vous sans prévenir.

Je l’ai déjà écrit. En course à pied, les lapins servent de point de repère aux participants qui veulent boucler une distance dans un temps précis. À cette compétition nommée «Au rythme de nos foulées», organisée par le club des Riverains dont je fais partie, j’avais accepté de faire celui de 2h00 au demi-marathon. Ce qui consiste à mettre un pied devant l’autre en essayant de garder une vitesse constante de 5:38 par kilomètre pendant deux heures.

La pluie tombait mal, mais bon, chose promise, chose due. Je me suis présenté à l’Agora citoyenne près de laquelle se donnait le signal de départ à l’heure convenue. Malgré la température semblable à la vie de Lisa Leblanc, les gens présents blaguaient, prenaient des photos, s’encourageaient. Mon moral a pris l’ascenseur flèche en haut.

Quelques minutes après le signal du départ, le robinet du ciel s’est un peu refermé. La vue des dizaines de coureurs multicolores au bord de la rivière dans la lumière grise était magnifique. «Finalement, la température est idéale», a fait remarquer une participante. Elle avait bien raison. 5 degrés c’est plus confortable pour courir que 33. Pour les bénévoles, par exemple, c’était une autre paire de manches. Ceux qui guidaient les coureurs, leur donnaient de l’eau ou du Gatorade, postés ici et là sur le parcours, avaient intérêt à les avoir longues. Immobiles, ils étaient à la merci de la pluie, du vent et du froid. En dépit de la météo exécrable non seulement ils étaient présents mais, en plus, ils nous encourageaient avec enthousiasme ! «Lâchez pas ! Let’s go, lâchez pas», lançaient-ils alors que nous avancions dans le confort de notre corps chauffé par le mouvement des muscles. C’est à eux que j’avais envie de crier de ne pas lâcher ! Mais surtout : merci !

Ces braves sont indispensables aux courses. Sans eux, bien des participants ne parviendraient jamais au fil d’arrivée. Ils se perdraient dans la nature ou finiraient déshydratés. Bref, sans eux, pas de course.

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