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Les Ukrainiens à l’heure de la francisation

le mardi 05 juillet 2022
Modifié à 14 h 20 min le 05 juillet 2022
Par Jules Gauthier

jgauthier@gravitemedia.com

Liliia Ivanets (au milieu) et son fils Stanislav (en rouge) dans la classe de francisation. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

Des dizaines de ressortissants ukrainiens ont trouvé refuge dans la région depuis le début de la guerre en février. Afin de mieux pouvoir s’intégrer dans leur nouvel environnement, ils sont nombreux à suivre en ce moment des cours intensifs de français dans une classe spéciale à Châteauguay.

C’est au Centre d’éducation des adultes L'Accore que se déroule les cours de francisation destinés aux Ukrainiens ayant fui leur pays. Dans la classe, une quinzaine d’élèves de 16 à 72 ans essayent, depuis le 9 mai, d’apprendre les rudiments de la langue en compagnie de Mylène Duchesne, la professeure de français.

« C’est une première pour moi une classe homogène avec une seule nationalité! Pour le début, c’est bon comme ça, ils gardent leurs repères mais par la suite, il va falloir les jeter dans le bain et les mélanger avec d’autres pour qu’ils puissent pratiquer davantage », explique Mme Duchesne.

Elle reconnait que ce sont des journées assez intenses pour ces gens qui, quelques semaines auparavant, n’avaient jamais été en contact avec la langue française, ni même anglaise. « On y va vraiment lentement mais déjà, à la cinquième semaine, je vois vraiment une différence, ils apprennent vite ».

 

Des réfugiés ukrainiens travaillent en groupe sur des exercices de français. (Photo: Le Soleil - Jules Gauthier)

 

Immersion totale

De son côté, Nicoleta Caraulan, coordinatrice au Service d’accueil et de formation en immigration Roussillon (SAFIR) est satisfaite de la tournure des évènements. « La classe a été faite spécialement pour les Ukrainiens; SAFIR et L’Accore avait demandé au ministère de l’Éducation de donner la permission de créer un cours spécifique pour eux. Ce sont des classes adaptées où ils ont aussi le temps de travailler sur leurs documents ».

L’enseignante de français ne parle pas un mot d’ukrainien, il s’agit donc d’une immersion totale pour les élèves, précise-t-elle.

Les efforts portent fruits

Maksym Skrypka était professeur de yoga à Kiev, il a fui la capitale avec sa femme et ses enfants le 23 février, la veille du début de l’offensive russe sur l’Ukraine. Il vit maintenant dans une famille d’accueil québécoise à Beauharnois et comme ses compatriotes, il suit assidument les cours quotidiens de français.

« Je ne connaissais vraiment aucun mot de français avant d’arriver ici mais maintenant, je suis capable de nommer une panoplie d’objets autour de moi. Là, je suis maintenant rendu à l’étape où je dois apprendre à construire des phrases », explique le père de famille.

Lorsqu’il interagit avec le couple qui les hébergent, il commence déjà à mélanger les mots en français et en anglais, car certains lui viennent maintenant plus rapidement en tête dans la langue de Molière.

Difficulté à socialiser

« La plus grande difficulté pour nous en ce moment, c’est cette barrière psychologique de la langue. Les gens nous aident, on fait de notre mieux dans les cours mais on n’est pas encore capable de bien comprendre », relate Liliia Ivanets, 42 ans, originaire de Tchortkiv.

Elle estime qu’elle et son fils de 16 ans, Stanislav, devront s’habituer rapidement à la culture et à la mentalité des gens d’ici.

« Je m’ennuie de mes amis en Ukraine et c’est encore difficile pour moi de rencontrer des gens à cause de la langue. Pour moi l’apprentissage du français va être la clé qui va me permettre d’entrer en contact avec nouveau monde », a confié l’adolescent.

Les Ivanets avouent parfois se sentir comme des petits enfants lorsque la belle-sœur de Liliia, qui habite Beauharnois, doit leur servir d’interprète à l’extérieur de la maison.

Pour le moment, Liliia et son fils attendent « avec impatience ce moment où l’on pourra entamer des conversations en français, et ce, même avec des erreurs! ».

(Avec l’aide de Nicoleta Caraulan pour la traduction ukrainien-français)