Communauté

Leurs appels "bienveillants" aux gens isolés font des heureux

le mardi 17 novembre 2020
Modifié à 11 h 59 min le 10 novembre 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Étudiante en biologie à l’Université Concordia, Dominique Lewis-Tremblay téléphone chaque semaine à une quinzaine de personnes âgées pour les réconforter et prendre de leurs nouvelles. La femme de 22 ans a répondu à l’appel au bénévolat lancé par François Legault lors de la première vague de la pandémie. « J’ai pensé à ma grand-mère qui habite seule à 85 ans, à mes grands-parents qui habitent ensemble mais qui ont eu un choc par rapport à ça », fait part la résidente de Ville de Sainte-Catherine. À la suite de la demande du premier ministre, elle a consulté la plate-forme mise en place pour faciliter le recrutement. Le service d’appels « bienveillants » du Centre d’action bénévole du Grand Châteauguay (CABGC) l’a accrochée. « Ça vient chercher mes valeurs », souligne Mme Lewis-Tremblay. Le service en question est nouveau. Il a été lancé récemment pour joindre les gens isolés en respectant la distanciation sociale, indique Isabel Filiatrault, responsable des bénévoles au CABGC. « C’est pour les personnes oubliées qui ont très peu de réseau. Nous avons ciblé les 70 ans et plus », précise-t-elle. L’objectif est d’offrir un contact humain mais aussi de s’assurer que tout va bien. « Le but est de créer un lien de confiance. C’est toujours le même bénévole qui appelle. Au 3e ou 4e appel, la personne se met à jaser un peu plus des vraies affaires », souligne Mme Filiatrault. Si une personne confie qu’elle ne mange pas à sa faim ou autre, elle est référée vers un service approprié. Une formation a été offerte aux nouveaux bénévoles grâce à des capsules sur internet et leurs antécédents ont été vérifiés. « Super heureux » Certains appels durent 2 à 5 minutes, d’autres de 30 à 40 minutes. « Les gens sont super heureux que je les appelle. Je vois les bénéfices. Ça porte fruit », se réjouit Dominique Lewis-Tremblay. Sa voix au bout du fil est joyeuse et dynamique. [caption id="attachment_94161" align="alignnone" width="1920"] Francine Orchard[/caption] Difficile pour eux Également de Sainte-Catherine, Francine Orchard fait aussi des appels bienveillants. « Au début, il y en a qui pleuraient au bout du fil. C’est difficile pour eux d’être seuls, de passer toute la journée entre quatre murs. Tout le monde a besoin de contacts humains », confie la femme de 63 ans. « Même avant la pandémie, il y avait beaucoup de solitude. Il y a des personnes qui n’ont presque pas de visite », souligne-t-elle. De quoi parle-t-elle avec les gens ? « On parle de toutes sortes d’affaires. Certains me content ce qu’ils font dans la journée. À quelle heure ils se lèvent, ils déjeunent. Des gens partagent leur anxiété, les crises d’angoisse. Avoir quelqu’un qui les écoute, ça leur fait beaucoup de bien », affirme la bonne Samaritaine qui fait du bénévolat depuis le début des années 80. Le Centre de femmes l’Éclaircie et le 24 Heures de balle pour la vie figurent entre autres parmi les organisations qui ont bénéficié de sa générosité. Qu’est-ce qui la motive ? « Il faut que je fasse quelque chose pour quelqu’un. C’est gratifiant. On a une paye qu’on ne peut pas avoir en papier. Ça fait chaud au cœur quand on me dit : vous êtes fine d’avoir appelé », apprécie Mme Orchard.