Culture

L’homme qui manie l’étain

le mercredi 29 avril 2015
Modifié à 0 h 00 min le 29 avril 2015
Par Valérie Gagnon

vgagnon@gravitemedia.com

CHÂTEAUGUAY - Dans les traditions européennes, offrir des ensembles de tables en étain pur était un gage de longévité du bonheur pour les nouveaux mariés. Si vous connaissez des gens de votre entourage qui planifie unir leurs destinées, Louis Bernard, forgeron et artisan de l’étain à Châteauguay, permet de faire perdurer cette tradition.

Dans sa salle de montre, l’artisan expose ses oeuvres sachant très bien que la curiosité des visiteurs sera piquée. D’un étain pur, Louis Bernard forge ses plus beaux morceaux à l’aide de nombreux outils dans son atelier.

« J’étais juste venu à l’époque pour visiter. Je voulais voyager. Je ne voulais pas rester et je me suis plu », dit-il, homme jeune d’âme de 75 ans. Il est arrivé au Québec en 1966. À cette époque, il était l’un des seuls à travailler l’étain, ses pièces étaient convoitées par plusieurs. Formé à l’École du compagnonnage dans les métaux en feuilles à Paris, Louis Bernard est un spécialiste.

Il a participé aux Salons des Métiers d’art de Montréal pendant 25 ans. « Je fais ça pour ma liberté », dit-il. Il s’est distingué avec plusieurs prix. En 1987, il obtient le Prix Jean-Marie Gauvreau-Molson à l’occasion du Salon des métiers d’arts de Montréal. En 1993 et 2001, il reçoit le prix d’excellence Plein Art.

Marteler le métal au quotidien

« Je ne m’ennuie jamais et je n’ai pas de routine », assure l’artisan qui martèle à froid l’étain dans son quotidien. Un projet significatif de sa carrière de forgeron d’étain était de reconstituer 12 écuelles à l’aide d’un moule appartenant aux Sœurs Grises de Montréal qui le lui avaient prêté pour que ces bols antiques aient l’allure du 17e siècle. Puisque ces écuelles avaient été coulées dans le même moule de l’époque, elles étaient officiellement attitrées à cette époque. D’ailleurs, certains précieux de l’artisan châteauguois ont été l’objet de décoration dans quelques productions cinématographiques.

« Quand on offre une pièce d’étain, ça porte chance à la personne qui le reçoit, soutient M. Bernard. En Europe, dans chaque maison, il y avait de l’étain. C’est culturel, c’est les traditions de l’Europe occidentale », raconte-t-il. Toutes les retailles d’étain sont recyclées chez M. Bernard. Selon ce spécialiste de l’étain, ce métal ne ternirait pas, seulement si l’alliage est constitué de plomb.

Lorsqu’un couple fête 10 ans de mariage, il célèbre ses noces d’étain.

[Point de fusion de l’étain]

L’étain est l’un des métaux des plus malléables avec un point de fusion de 232 °C.

[Où trouver des pièces d’étain pur?]

La salle de montre de l’artisan Louis Bernard est située au 13, rue Dupont Ouest à Châteauguay.