Actualités

Mercier et ses pompiers dans une impasse

le lundi 06 mai 2024
Modifié à 16 h 36 min le 06 mai 2024
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Les pompiers de Mercier font connaître leurs revendications avec des collants appliqués sur la caserne. (Photo Le Soleil : Valérie Lessard)

La dernière édition de l’Info-Mercier a mis le feu aux poudres aux négociations déjà tendues entre les pompiers et la municipalité, selon le syndicat. La convention collective est échue depuis le 1er janvier 2019, si bien que la Ville a récemment demandé la présence d’un arbitre pour dénouer l’impasse.

Dans ce bulletin de communication municipal, la Ville de Mercier établit les différences avec la ville voisine, Beauharnois. Une sortie qui a interpelé les membres du Syndicat des pompiers de Mercier, section locale 7103 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). «Nos voisins de Beauharnois sont mieux payés, ont de meilleures conditions de rappel, ont huit pompiers permanents alors que nous n’en avons pas et bénéficient d’un régime de retraite qui est inexistant chez nous», a réagi Patrice Dubuc, président de la section locale 7103 du Syndicat SCFP par voie de communiqué. 

Selon Vincent Lanctôt, directeur des communications à la Ville, bien que les deux municipalités aient des populations similaires, le jeu des comparaisons s’arrête ici. «Notre territoire est essentiellement agricole et résidentiel, avance-t-il. Ce qui provoque deux impacts. D’abord, Beauharnois dispose de plus de budget. Cette ville a aussi un risque d’incendie relié avec les industries et les commerces lourds. Beauharnois est plus susceptible d’avoir des incidents.»

Les demandes

Me Jean Denis, procureur du Syndicat des pompiers du Québec, confirme que les négociations sont difficiles. «La plus grande revendication est d’être quatre pompiers en tout temps à la caserne; deux de nuit, ce n’est pas assez, a-t-il affirmé. D’autres points achoppent également. Mercier dit ne pas avoir les moyens financiers. Leur ouverture est difficile, elle dit être limitée en taxation.»

La Ville affirme disposer d’un budget annuel de 25 M$, dont un peu plus de 2 M$ (8,113 %) sont utilisés en sécurité incendie. «La gestion du budget de sécurité incendie s’inscrit dans la mission de la Ville de Mercier, soit d’offrir des services de qualité qui respectent la volonté de payer des citoyens», est-il écrit dans l’Info-Mercier printanier.

Des relations difficiles

Par voie de communiqué, le SCFP parle d’un climat de travail toxique. Me Denis le confirme, qualifiant la relation de difficile depuis 4-5 ans. «Pour l’instant, il n’y a plus de négociations, poursuit Me Denis. On a demandé à la Ville de rouvrir les négociations, mais on se retrouve devant une impasse.»

À la Ville, Vincent Lanctôt a parlé d’un jeu de négociation. «Mme Michaud [Lise, la mairesse], et les différents directeurs de travail sont très satisfaits du travail accompli, a-t-il noté. Mme Michaud l’a dit, les pompiers sont dévoués, accomplissent les interventions selon les temps, etc. Mais on a des défis de toutes sortes avec les différentes unités syndicales.»

Assez pour que le conseil ait adopté une résolution pour demander au Conseil de règlement des différends du Québec de nommer un arbitre. Celui-ci aurait le mandat de rédiger la prochaine convention collective. 

Bien que la présence d’un arbitre ait été demandé, M. Lanctôt ajoute que des rencontres ont eu lieu et que la Ville est ouverte au dialogue pour trouver une solution.

Les 30 pompiers de Mercier sont limités dans leurs moyens de pression. Déjà, ils ne revêtent plus leur uniforme. De plus, ils ont appliqué des collants du SCFP sur la caserne et les camions.

Un air de déjà vu

Il ne s’agit pas du premier conflit de travail entre Mercier et ses pompiers qui s’étire dans le temps. Après la fin de la première convention collective, le 1er janvier 2007, six ans de discussions ont été nécessaires pour arriver à une entente. Ce contrat a été valide entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2018.

Chronologie des négociations
Du 25 mars 2019 au 7 juillet 2020  8 séances de négociations
Du 11 janvier 2021 au 29 avril 2021  9 séances de négociations en présence d’un médiateur
18 août 2021  Nomination d’un arbitre du Conseil de règlement des différends
10 septembre 2021  Accréditation d’un nouveau syndicat pour représenter les pompiers
24 novembre 2022 au 9 mars 2023  2 séances de négociations
20 mars 2023  Proposition de la ville refusée par le syndicat et ses membres
Du 24 août 2023 au 30 novembre 2023  5 séances de négociations
30 novembre 2023  Dépôt d’une proposition ferme et finale de la Ville
19 décembre 2023  Réception d’une contre-proposition syndicale
11 janvier 2024  La Ville informe le syndicat de son intention de faire appel au Conseil de règlement des différends