Opinion

Papa avec bébé, maman au boulot

le vendredi 16 juin 2017
Modifié à 0 h 00 min le 16 juin 2017
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Rapidement après avoir appris que j’étais enceinte, mon conjoint et moi avons convenu qu’il prendrait une partie du congé parental.  Souvent, on nous disait qu’on était «chanceux» de pouvoir le faire. Pourtant, ça n’a rien à voir avec de la chance.

Pour être honnête, au départ, ce n’était pas mon idée. Mon chum avait lu un reportage sur les papas européens qui prenaient jusqu’à six mois de congé avec bébé si maman retournait au boulot plus tôt. Il avait trouvé l’idée fort intéressante.

J'ai d'abord été sur la défensive, me disant que c’était «mon» congé, moi femme qui porte et accouche cet enfant. Ensuite, je me suis mise à y réfléchir plus sérieusement. Comment pouvais-je refuser qu’il souhaite s’impliquer dans notre famille; qu’il veuille profiter de ces moments précieux avec notre enfant?

Après négociations sur la durée du dit congé, nous avons statué que je retournerais au travail après 10 mois de congé et que, lui, resterait à la maison avec Petit Bonhomme pendant les deux derniers mois de sa première année de vie.

À qui la chance?

Dans notre entourage, les commentaires ont été nombreux au sujet de cette décision. Beaucoup trouvaient ça génial pour le papa. Souvent, les gens ajoutaient : «vous êtes chanceux de pouvoir vous le permettre». Chaque fois, ça me choquait un peu, car je me disais que tout le monde avait accès à cette «chance». Tous les travailleurs paient pour le Régime québécois d’assurance parentale. C’est un programme accessible autant pour la mère que le père.

En côtoyant plusieurs nouveaux parents, j’ai réalisé que l’équation n’était pas si simple. D’abord, l’aspect financier joue dans la balance de bien des couples. Dans plusieurs familles, l’homme est encore celui qui a le plus gros salaire. C’est donc plus avantageux qu’il travaille, car celui (ou celle) qui reste à la maison avec la progéniture reçoit entre 55 % et 75 % du salaire, selon le programme choisi.

Parfois, une pression provient du milieu de travail pour ne pas que le père parte en congé. «Ils ont tellement besoin de lui, il ne peut pas partir» ou encore «ce serait mal vu que je ‘’laisse’’ mon équipe aussi longtemps», m’a-t-on déjà répondu. Ces situations sont carrément sexistes, car lorsque la femme est enceinte, la question ne se pose pas. C’est certain qu’elle quittera un certain après la naissance de l’enfant. Pourquoi est-ce moins naturel pour le père?

Maintenant que nous sommes tous les deux de retour au boulot, je peux vous confirmer que c’est une des meilleures décisions qu’on a prises pour la famille. Je vous encourage fortement à l’essayer, quitte à ce que ce soit juste quelques semaines. Messieurs, vous ne le regretterez pas. Et, mesdames, entendre son chum dire « ouais bien, c’est de la job être à la maison!»…ça n’a pas de prix!