Société

Plus de courtoisie réclamée envers les élèves au volant

le samedi 06 juillet 2019
Modifié à 14 h 11 min le 03 juillet 2019
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

La collision frontale qui a fait trois blessés graves à Mercier, le 18 juin, dont un garçon de 10 ans toujours hospitalisé, possiblement causée par un texto, a fait vivement réagir une enseignante en conduite automobile. «Je passe 40 heures par semaine sur la route. Je vois souvent des gens texter au volant, c’est incroyable. C’est dur de passer le message», déplore Sylvie *. Des conducteurs n’hésitent pas à manipuler le clavier de leur téléphone devant des élèves au volant, dénonce-t-elle. «C’est un manque de respect extrême», lance l’instructrice, qui préfère garder l’anonymat. Et, au-delà des textos, bien des usagers ne facilitent pas les premiers pas sur la route. Sylvie dénonce le comportement discourtois et souvent illégal de plusieurs envers ceux qui apprennent à conduire. Un constat que fait également Jean-François Bélanger, directeur pédagogique chez Tecnic, qui encadre près d’une centaine d’instructeurs et de moniteurs répartis dans 26 bureaux. Stressant pour les élèves Sylvie dénonce le comportement de plusieurs usagers qui commettent des infractions sous les yeux des élèves au volant, comme les talonner et les dépasser alors qu’ils respectent la loi. «Les gens ne donnent absolument pas l’exemple. Tu veux suivre les règles mais tu te fais pousser à aller plus vite», s’insurge-t-elle. Beaucoup de conducteurs n’hésitent pas à suivre de près les auto-écoles et à les dépasser illégalement, confirme Jean-François Bélanger. «Les moniteurs nous en parlent. C’est une problématique. C’est super préoccupant », fait-il part. Agissant comme instructeur, il a déjà vu un camion dépasser son auto école dans une montée alors que ce n’était pas possible de voir si un autre véhicule venait en face. «Si on a le malheur de rouler 70 dans une zone de 70, on peut se faire doubler dans une courbe, sur une ligne pleine. Les gens prennent des risques», dit-il. [caption id="attachment_66180" align="alignnone" width="444"] (Photo Andrew Clark)[/caption] En plus de ne pas montrer l’exemple et d’être dangereux, ces comportements n’aident pas les apprentis à développer leurs compétences. «Quand les élèves se font coller, le niveau de stress augmente. Ils sont moins concentrés. Notre travail, c’est d’instaurer la confiance et les gens ne nous aident pas à la développer», affirme Jean-François Bélanger. Il lui est arrivé, raconte-t-il, de sortir la main de la voiture pour pointer le dôme «Auto école» à l’intention d’un automobiliste impatient. «L’élève apprend, c’est normal. Il faut être conciliant. Il faut que les gens soient plus ouverts d’esprit», plaide-t-il. Limites de vitesse Les instructeurs de conduite automobile doivent composer avec une problématique particulière : les limites de vitesse. «Plusieurs élèves nous disent qu’ils peuvent rouler 10 ou 15 km/h de plus et qu’ils n’auront pas de contravention. Nous, on enseigne à respecter les limites du Code de la sécurité routière», observe Sylvie. «Les jeunes posent beaucoup de questions jusqu’où ils peuvent aller. À l’extérieur, avec leurs parents, c’est ce qui est véhiculé dans les normes sociales (que la «vraie limite» est supérieure à celle sur le panneau)», mentionne M. Bélanger. Intolérance Certains n’aiment pas que des élèves apprennent à faire un stationnement en parallèle à côté de leur voiture immobile dans la rue. Et ils le font savoir. Des citoyens demandent à l’instructeur d’aller ailleurs et il arrive même que des gens enlèvent leur automobile, rapporte M. Bélanger. Un centre commercial de la Rive-Sud a même interdit aux auto-écoles de pratiquer dans son stationnement, mentionne-t-il. Avec un élève au volant, Jean-François Bélanger conseille - Soyez courtois - Mettez vous à la place de la personne qui débute - Gardez vos distances -  Ne pas klaxonner en cas de fausse manœuvre -  Soyez conciliant   *nom fictif