Tribune libre

Prendre part au changement

le mercredi 03 mars 2021
Modifié à 8 h 21 min le 03 mars 2021
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

La campagne de vaccination prend graduellement son envol et sauf la propagation de variants qui retient notre optimisme, on entretient l’espoir d’une prochaine « sortie de pandémie ». L’approche de cette période post-pandémie qui prendra des allures de renaissance nous invite à une réflexion aussi captivante qu’essentielle sur ce qu’on souhaite y retrouver. La mise sur pause de l’économie, la fermeture des écoles, l’arrêt des activités sportives et culturelles, le confinement, le couvre-feu, etc. ont révélé des aspects de nos modèles organisationnels et d’affaires qui méritent d’être repensés. Le niveau de soins qu’on réserve à nos ainés a été rapidement remis en question dans la gestion de cette pandémie de même que la flexibilité du réseau de la santé et le taux de pénétration des outils numériques dans le réseau scolaire. Nous avons été plongés dans cette pandémie avec notre réalité dans l’état où elle était, avec des faiblesses bien sûr, mais heureusement avec de grandes forces dont l’état enviable de nos finances publiques qui permettait de déployer rapidement des ressources où il en fallait. Nos habitudes de restauration, par exemple, ont aussi été fortement chamboulées. Plusieurs restaurateurs et traiteurs, et maintenant les cabanes à sucre, se sont tournés vers l’offre de boîtes repas. Un produit prisé pour permettre la tenue d’événements philanthropiques lorsqu’accompagné d’un spectacle en ligne. Gageons que les boites repas, qui permettent une expérience culinaire à la maison fort différente de celle du repas pour emporter, se garderont une place dans nos habitudes après la pandémie. Mais quels autres changements voudrons-nous garder de notre expérience pandémique? La façon dont nous gérons notre présentiel et de là, nos déplacements est rapidement apparue sujette à des changements importants alors qu’on découvrait les bénéfices du télétravail dont l’usage perdurera nécessairement. Il importe alors de réfléchir à l’organisation de nos déplacements, à notre modèle d’occupation du territoire, au rôle que doivent jouer nos villes et centres-villes et à la planification de leur développement. Une réflexion plus profonde est aussi amorcée et doit être poursuivie sur l’égalité des personnes et à la protection qu’on accorde aux personnes vulnérables ou vulnérabilisées par nos modèles organisationnels. Alors que la révélation d’histoires horribles nous rappelait que notre filet social contenait des failles importantes, cette crise sanitaire est venue encore frapper plus durement les femmes, par exemple et les personnes immigrantes. La liste des enjeux ne s’arrête pas là, loin de là! En lien encore avec la consommation, la recherche d’une plus grande autonomie alimentaire est évoquée; dans le secteur pharmaceutique et des sciences de la vie, un repositionnement prochain s’avère essentiel et un meilleur accès aux soins en santé mentale s’impose. On remarque par ailleurs une volonté populaire de ne pas laisser les choses en plan, mais de plutôt s’en saisir et de s’en occuper avec courage. Et ce sera important de le faire puisque au sortir de cette crise sanitaire on retrouvera évidemment tous ces défis, mais nous attend aussi une crise climatique dont la solution commandera le changement de nos habitudes et de nos modèles organisationnels. Il importe d’être vigilant, voir de résister au retour au galop du naturel et au confort du connu pour favoriser l’émergence de changements porteurs. Le contenu de la discussion politique est donc très chargé alors que s’amorceront les élections municipales, que le déclenchement d’élections fédérales hâtives flotte dans l’air et qu’on s’approche des élections provinciales. Il nous faut occuper les forums de discussion et faire entendre nos préoccupations. Cette sortie de pandémie doit mener sur des changements porteurs et chacune et chacun d’entre nous doit en prendre part. Jean-François Primeau Châteauguay