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Recyclage : les maires refusent de payer trois fois plus

le jeudi 06 juin 2019
Modifié à 9 h 38 min le 24 janvier 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

La gestion de nos déchets tourne carré depuis quelques mois. La crise du recyclage et des écocentres qui s’est déclenchée à l’automne monte en intensité. L’heure est à la réflexion et à la recherche de solutions, notamment du coté de la Communauté métropolitaine de Montréal. CMM qui tenait en mai une consultation sur un nouveau plan de gestion des «matières résiduelles» placé sous le signe de la réduction à la source. Reflet de la tourmente que traverse le recyclage : la MRC de Roussillon est allé en appel d’offres pour renouveler le contrat de collecte du contenu du bac bleu qui arrive à échéance le 30 novembre 2019. La compagnie Recyclage de papier MD, qui détient actuellement le contrat, a déposé l’unique soumission. Elle demande 135 $ la tonne alors que le coût actuel est de 43 $ la tonne. Soit trois fois plus. Et c’est supérieur au coût de l’enfouissement qui était de 122 $ la tonne en 2017, selon diverses sources.
«La MRC croit qu’en travaillant ensemble, nous arriverons à trouver des solutions innovantes qui nous permettront de réduire la quantité de déchets générés sur le territoire et d’améliorer notre performance en gestion des matières résiduelles» - Christian Ouellette, préfet suppléant et maire de Delson
Réunis en assemblée publique le 29 mai, les maires du regroupement de 11 municipalités ont appliqué les freins. «Ils n’ont pas octroyé le contrat. Les maires veulent tenir compte de la capacité de payer des citoyens», a confirmé jeudi Mélanie Cloutier, porte-parole de la MRC de Roussillon. Le fait qu’il n’y avait qu’un seul soumissionnaire a pesé dans la balance, a-t-elle noté. Une équipe va se charger de la préparation d’un nouvel appel d’offres. Comment s’arranger pour obtenir des offres plus basses ? «Ça reste à évaluer», mentionne Mme Cloutier. Pas de débouchés La hausse de prix majeure n’étonne pas. À l’automne, Recyclage de papier MD avait cessé le tri des matières à Châteauguay en invoquant d’importantes pertes financières. Ce, en raison de la chute des prix des matières recyclables. L’industrie peine toujours à trouver des débouchés, entre autres parce que la disposition des matières pêle-mêle dans le bac nuit à la qualité. Par exemple, la fonderie Owens-Illinois à Montréal achète du verre recyclé à l’extérieur de la province parce que celui du Québec n’est pas adéquat, mélangé avec d’autres matières, rapportait en avril Radio-Canada. Pistes d’améliorations L’arrivée du bac brun à l’automne devrait contribuer à améliorer le contenu du bac bleu pour les recycleurs. Par exemple, les boîtes de pizza souillées et les papiers-mouchoirs ne devraient plus côtoyer bouteilles de vitre, boîtes de conserve et contenants de plastique. Ce ne sera toutefois pas suffisant. Pour les maires de Roussillon, il faut «revoir le modèle du tri et du traitement des matières recyclables au Québec». C’est une des recommandations que la MRC a présentée aux consultations de la CMM sur son projet de modification du Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles (PMGMR). Ce projet suggère principalement de réduire les matières à la source (voir encadré). La MRC de Roussillon recommande aussi d’intégrer «la nécessité d’effectuer des études en vue d’obtenir des données neutres et complètes dans le cadre d’éventuelles mises sur pied de projets et d’initiatives environnementales». Elle fait référence au dossier de la consigne pour lequel «il ne semble pas y avoir de position suffisamment documentée et d’études complètes et neutres» pour se brancher. Elle demande de revoir le modèle des centres de tri pour les rendre plus performant, éviter les monopoles locaux et encourager le développement de débouchés locaux. Elle estime «primordial de contrôler les matières sortantes». La MRC demande que les entreprises prennent complètement en charge le cycle de vie de leurs produits. Elle souhaite aussi une révision de l’inscription au Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA)». «Les organismes municipaux sont pénalisés lorsqu’un de leurs sous-traitants se retrouve sur cette liste, pour des activités qui ne sont pas liées avec les travaux pour lesquels la municipalité a contracté l’entreprise», fait-elle valoir. Une entreprise ne devrait pas avoir le droit d’obtenir de contrat public seulement pour ses activités fautives, recommande la MRC. Recommandation qui découle des difficultés de ses villes à opérer leur écocentre à la suite de l’inscription au RENA de la compagnie Mélimax actuellement en charge. Propositions du nouveau PMGMR Réduire les quantités de contenants, emballages et imprimés Hausser les tarifs des entreprises qui mettent en marché des contenants, emballages et imprimés en fonction du degré de recyclabilité des matériaux utilisés Réduire l’utilisation du plastique Moderniser la consigne Contrôler les matières sortant des centres de tri Intensifier les activités d’information, de sensibilisation et d’éducation (Source : CMM) Initiatives Des initiatives pour réduire les produits emballages à la source commencent à voir le jour. La bannière Metro offre, par exemple, depuis peu à ses clients, la possibilité d’acheter certains produits dans leurs propres contenants réutilisables. IGA teste la formule dans certains magasins. [caption id="attachment_64681" align="alignnone" width="444"] 15 000 tonnes de papier, plastique et métal se retrouvent annuellement dans le bac bleu des citoyens des 11 villes de la MRC de Roussillon.[/caption]