Culture

Une artiste qui carbure à la collectivité

le mercredi 29 juillet 2015
Modifié à 0 h 00 min le 29 juillet 2015
Par Valérie Gagnon

vgagnon@gravitemedia.com

Ce mois-ci, l’artiste en arts visuels, Karine Landerman vous sera dévoilée.

Amoureuse du patrimoine par son implication en tant que directrice générale à la Maison LePailleur, cette artiste porte plusieurs chapeaux. Elle a déjà exposé une série d’œuvres à la galerie Marie et Pierre Dionne, à Beauharnois. Originaire du petit village d’Howick, elle s’inspire des grands espaces dans ses projets de création. Elle procède par différentes techniques mixtes d’estampe alliant impression, dessin, peinture et couture sur papier.

D’où est venu votre goût de créer des pièces uniques?

«Après une formation en métiers d'arts, en design textile plus précisément, j'ai travaillé quelques années à faire de la production en série dans un but de commercialisation d'une gamme d'accessoires mode et maison. J'ai apprécié cette expérience, mais c'est à ce moment que j'ai vraiment réalisé que ce qui m'animait davantage, c'était la pièce unique. Je me lasse de faire deux fois la même chose et de répéter le même geste. Ceci dit, j'aime pousser une idée à son plein potentiel, et souvent je travaille le multiple et la série dans une perspective de pièce unique.»

Considérez-vous être une artiste épanouie dans votre région?

«Dans la mesure où être épanouie signifie que je suis satisfaite du développement de ma carrière, que je suis sereine et en paix avec mon environnement créatif, et surtout que je m'investis au profit de la collectivité en m'impliquant dans le milieu culturel régional, je dirais absolument!»

Selon vous, quel est l’environnement idéal au moment de procéder à la réalisation d’une œuvre?

«D'abord un lieu organisé, ensuite le calme, suivi de l'ambiance (une musique, un éclairage, un moment; parfois la nuit), et finalement la possibilité d'échanger avec d'autres créateurs. J'ai longtemps travaillé en atelier collectif, et ce que je trouve le plus profitable de cet environnement, c'est la possibilité de partager une réalité et souvent des questionnements avec les autres artistes. Les lieux de création collectifs sont des espaces extrêmement stimulants, où tous s'enrichissent mutuellement. Alors, bien que j'aie besoin de m'isoler par moment, je ne pourrais vivre sans cette possibilité de partage avec mes pairs.»

Quelle saison vous inspire le plus?

«Ce sont les changements de saisons qui m'inspirent! J'aime la mouvance et je suis fascinée par la nature et sa capacité de métamorphose. Je ne pourrais absolument pas me passer de notre climat québécois. Ma saison de production est souvent l'hiver, alors que je me ressource en saison estivale. À l'image de nos aïeuls, je profite des temps froids pour m'encabaner dans mon atelier, alors que le beau temps estival est l'occasion de réfléchir à ma production et esquisser de nouvelles idées.»

Quel breuvage buvez-vous le plus en période de création?

«Un bon latté pour les soirées froides, une bière pour les journées chaudes, un peu de vin pour les journées sans pression, un thé pour les journées de recherche et de lecture...mais les gens qui me connaissent diront vraiment tous que je carbure au café!»

Politique culturelle à Beauharnois

Un comité travaille à l’élaboration de la politique culturelle pour la municipalité et qui sera adoptée en décembre.

Des œuvres publiques

- Vestiges de l’artiste Réal Clader au Musée québécois d’archéologie.

- L’herbier céleste, jardin suspendu créé par Claire Beaulieu à la bibliothèque municipale.

- Nautilus du créateur Bill Vazan à la place commémorative du 150e anniversaire de la Ville de Beauharnois.

- Trois œuvres totémiques en fonte créées par  Armand Vaillancourt et trois œuvres de Pierre Leblanc, données par un mécène, seront installées à la Pointe-du-Buisson, Musée québécois d’archéologie d’ici l’automne.

 

 

Mai Tali Levesque
Juin Steven Spazuk
Juillet Karine Landerman
Août Éric Bernard
Septembre Francis Coupal

La culture à Beauharnois

650 000$

Partie du budget municipal alloué au volet culturel

 

Des coupures d’expression

Avec l’abolition des CRÉ (Conseil régional des élus), l’aide financière aux artistes et aux organismes dédiés au développement de la culture devient plus compliquée. Une coupe de 2,5 M$ au CALQ (Conseil des arts et des lettres du Québec) serait un premier facteur contraignant, avance Dominic Trudel, directeur général du Conseil montérégien de la culture et des communications. Le CALQ avait des ententes avec les CRÉ. Maintenant, les décisions ont été transférées aux MRC. Cette réorganisation amène des enjeux de taille pour cette institution, puisqu’en Montérégie, il existe 14 MRC. «Plutôt que d’avoir trois ententes, le CALQ doit trouver une façon d’avoir des ententes avec plusieurs joueurs», observe-t-il. Auparavant, la vision régionale des CRÉ favorisait un rayonnement plus large des organismes culturels et des artistes. Actuellement, les MRC ont le mandat du développement local, ce qui est à remettre en perspective. «C’est inquiétant, nous n’avons aucun son de cloche à savoir comment elles vont procéder. Va-t-il y avoir d’autres coupes?»

«Au niveau des projets de plus grande envergure pour les organismes, c’est rare qu’ils rayonnent uniquement localement, fait-il valoir. La culture n’est pas une compétence obligatoire, c‘est selon le bon vouloir des MRC»,  affirme M. Trudel.

Les artistes qui obtiennent des subventions de l’État sont peu nombreux, en comparaison à la quantité d’artistes qui soumettent leur candidature, remarque-t-il. «Certains disent que les artistes vivent aux crochets de l’État, mais ce n’est pas vrai. Un artiste qui obtient une bourse, ce sont des dossiers évalués aux mérites, c’est ponctuel. […] Ce n’est pas vrai qu’un artiste peut faire toute sa vie en ayant des bourses tout le temps de façon récurrente. C’est temporaire et ça couvre les dépenses pour six mois. Pour un artiste, avoir une bourse c’est un privilège.»

Pour Dominic Trudel, le meilleur moyen serait de travailler ensemble. Par exemple, les MRC qui ont un plus grand budget pourraient aider les artistes issus d’un milieu plus rural. Cela va sans dire que le problème vient de l’époque où la culture était l’apanage des religieux. Malgré que dans les années 1960, l’État-providence fit changer quelques mentalités, avant la Révolution tranquille, les mécènes donnaient aux religieux contrairement à la communauté anglophone, soutient-il.

Les individus, dès leur tout jeune âge, devraient être éduqués sur l’importance de l’art afin de changer et développer un marché pour le domaine culturel. «Nous avons un énorme travail à faire de ce côté-là», conclut-il