Culture

Une autrice racontera le Grand Nord québécois à Sainte-Martine

le vendredi 20 septembre 2019
Modifié à 15 h 01 min le 13 septembre 2019
Par Valérie Gagnon

vgagnon@gravitemedia.com

ENTREVUE. À l’approche des Journées de la culture, la bibliothèque de Sainte-Martine accueillera le mardi 24 septembre, à 19 h 30, l’autrice Juliana Léveillé-Trudel du livre Nirliit, un récit inspiré de la dure réalité des communautés autochtones. Q Pourquoi avoir choisi d’écrire une histoire qui se passe au Nunavik ? R Mes séjours au Nunavik m’ont profondément marquée et j’ai eu envie d’écrire plus longuement sur les mille et une histoires du Nord. Dès mon arrivée à Salluit, la toute première fois, j’ai trouvé que c’était un lieu immensément inspirant, hautement littéraire. Il se passe là-bas des histoires incroyables, on pourrait se croire dans une pièce de Shakespeare ou de Wajdi Mouawad. La vie est d’une intensité, parfois aussi d’une démesure qui ne se compare pas avec nos vies rangées de Québécois du Sud. Pendant trois ans, j’ai pris des notes, écrit de petits bouts d’histoire en souhaitant en faire éventuellement un livre, mais je ne savais pas trop par où commencer. Le déclic s’est produit en 2013, quand une femme inuite que j’aimais beaucoup est disparue durant plusieurs semaines avant qu’on ne découvre qu’elle avait été assassinée. Cette femme a inspiré le personnage d’Eva. Je me suis dit que cette histoire serait mon fil conducteur, et que tout autour, je pourrais raconter les mille et une histoires du Nord, faire le portrait de la communauté, dans ses aspects les plus sombres comme les plus lumineux. Je voulais parler des femmes autochtones, qui sont à la fois les piliers des communautés, les forces vives, mais aussi les premières victimes de violence. Q Croyez-vous que votre roman conscientise les gens aux communautés autochtones ? R J'ai commencé à écrire Nirliit parce que j'avais besoin d'exprimer tous les questionnements, les doutes, les déchirements et les émotions que mon expérience de vie au Nunavik avait provoqués. J'ai été très heurtée de voir les conséquences désastreuses du colonialisme et la brutalité avec laquelle les Inuits ont été forcés d'adopter un nouveau mode de vie. J'avais besoin de partager mes réflexions, mes expériences. Le Nunavik est le pays des extrêmes, l’extrême beauté et l’extrême dureté, parfois étroitement liées. Les problématiques sociales sont complexes, on ne peut pas tout régler simplement, rapidement. Je souhaitais également témoigner de la force exceptionnelle du peuple inuit, qui a survécu dans l’un des climats les plus hostiles de la planète grâce à son ingéniosité et à sa capacité d’adaptation et qui, malgré la colonisation son territoire, fait preuve d’une résilience époustouflante. Je pense que beaucoup de gens du « sud » ne connaissent pas la réalité de nos concitoyens du Nord, et pour certains, Nirliit a permis, oui, d’en prendre conscience, et de poursuivre la découverte en s’intéressant ensuite à des auteurs, artistes et militants inuit. Q Que réservez-vous au public de la bibliothèque de Sainte-Martine ? R J’aime beaucoup les événements en bibliothèque car j’adore échanger avec les lecteurs. Pour moi, la plus belle récompense venue avec la parution du livre, c’est la rencontre. Il y a des gens qui m’ouvrent leur cœur spontanément parce qu’ils ont aimé Nirliit, et je le considère comme un grand cadeau. Je n’aime pas parler toute seule, alors généralement, je présente brièvement mon parcours, puis j’échange avec le public en répondant à leurs questions et en élaborant sur les sujets qui suscitent le plus de curiosité. Parfois on parle plus de littérature et d’écriture, parfois plus des réalités du monde inuit, parfois un mélange des deux. Je m’adapte aux intérêts des gens. [caption id="attachment_69591" align="alignnone" width="444"] La couverture du livre Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel.[/caption]