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Castors trappés pour le bien des arbres et de poissons à Châteauguay

le mardi 10 octobre 2017
Modifié à 16 h 54 min le 10 octobre 2017
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

Héritage Saint-Bernard a chargé des trappeurs de capturer des castors dans le parc de la Commune à Châteauguay cet automne. Le mandat vise à démanteler un barrage qui pose problème et à réduire la population d’un ennemi des arbres. Les castors ont exercé leur talent sous un ponceau du parc pour faire monter le niveau d’eau dans un marais à proximité. «Ce barrage empêche la libre circulation du poisson entre le marais de la Commune et la rivière Châteauguay. Le marais n’étant pas très profond, il gèlera complètement cet hiver, nous devons donc défaire le barrage avant le gel afin d’éviter la mort des poissons qui se trouvent présentement dans le marais», explique Dominic Gendron, coordonnateur à la protection et à l’aménagement du territoire chez Héritage Saint-Bernard. Le niveau élevé du marais provoque aussi des infiltrations d’eau dans des résidences à proximité. [caption id="attachment_33620" align="alignnone" width="521"] Marais affecté par le barrage[/caption]   200 arbres par castor La population de castors est très importante dans la région, fait valoir M. Gendron, et, par conséquent l’impact sur les arbres. Chaque spécimen peut en abattre jusqu’à 200 par année. «Ils coupent parfois des quantités importantes d’arbres sur les berges de l’île, les rendant plus vulnérables à l’érosion», mentionne-t-il. Les castors n’ayant presque pas de prédateurs depuis la disparition du Loup gris de la région, «nous nous devons d’effectuer un contrôle de la population dans le secteur du refuge faunique Marguerite-D’Youville et du parc de la Commune», affirme M. Gendron. Le trappage ne vise pas à éliminer les castors mais à maintenir un équilibre viable dans le secteur, souligne-t-il. Héritage Saint-Bernard fait toujours affaire avec des trappeurs certifiés qui respectent les lois en vigueur, assure Dominic Gendron. Pourquoi ne pas les relocaliser ? «Il est techniquement possible de relocaliser les castors, mais ils doivent être relocalisés dans un habitat adéquat. Qui plus est, nous devons avoir l’autorisation du propriétaire de l’endroit où le castor sera relocalisé. La problématique des castors étant généralisée dans la région, il n’y a aucun endroit qui acceptera de recevoir plusieurs castors par année. La relocalisation ne reviendrait qu’à déplacer le problème chez quelqu’un d’autre. D’ailleurs le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs ne recommande pas de relocaliser les animaux», répond à cette question M. Gendron. Entrevue avec un trappeur Un trappeur s’affairait près d’un ponceau du parc de la Commune dans la matinée du samedi 7 octobre. Sous l’ouvrage humain, se trouvait un barrage fabriqué de bouts de branches et de boue. Dans une section, l’eau s’écoulait en glougloutant. «J’ai défait une partie du barrage. Les castors viennent le réparer. Je place le piège à l’endroit où ils passent pour aller d’un bord à l’autre», a expliqué l’homme qui souhaite garder l’anonymat. Un castor fraîchement dépris d’un piège gisait sans vie sur une roche à proximité. «L’animal ne souffre pas. Le piège le tue instantanément», a dit le trappeur. C’était le deuxième spécimen qu’il attrapait cet automne. «L’année passée, j’en ai pris douze», a-t-il noté. Le trappeur, à l’œuvre bénévolement, est autorisé à garder les captures. Il les cuisine et confectionne des accessoires avec la fourrure. «C’est bon du castor», a-t-il assuré. Gare aux chiens Il est recommandé de garder son chien en laisse dans les secteurs où se trouvent des pièges à castor. En mars 2016, un chien est resté coincé dans un de ces dispositifs pendant près de deux heures sous les yeux de sa maîtresse impuissante dans le Parc régional de Beauharnois-Salaberry. Des trappeurs sont aussi à l’œuvre dans ce secteur à la demande d’Hydro-Québec. Il a fallu une intervention des pompiers pour libérer l’animal. À lire aussi : Un chien est resté pris dans un piège à castors durant deux heures Entrevue avec un trappeur