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VIDÉO-Avortement : des militantes manifestent devant un organisme

le mercredi 28 septembre 2022
Modifié à 13 h 26 min le 30 septembre 2022
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Les militantes se sont rendues jusqu’au local du centre Options, situé sur le boulevard D'Anjou. (Photo : Le Soleil - Paula Dayan-Perez)

En cette Journée internationale du droit à l'avortement, une quarantaine de militantes pro-choix ont marché à Châteauguay pour dénoncer les pratiques du centre de grossesse Options qui n'aborderait pas de façon neutre l'avortement. Pour sa part, l'organisme nie ces allégations.

Les manifestantes se sont réunies dans le stationnement de l’organisme féministe le Quartier des Femmes, sur la rue Principale, puis se sont rendues jusqu’au local du centre Options, situé sur le boulevard D'Anjou. Selon elles, ce groupe qui se base sur la foi Chrétienne n’offre pas vraiment toutes les options face à une grossesse non planifiée, contrairement à ce qu’il prétend.

Gabrielle Juneau, directrice générale du Quartier des Femmes, assure que des jeunes femmes lui ont rapporté des pratiques douteuses de la part du Centre Options. Elles se sont tournées vers le Quartier des Femmes après des mauvaises expérience avec Options.

 

L’un de ces témoignages a été lu de manière anonyme lors de la manifestation.

C’est Catherine Caza, membre du Comité Femmes Vigilantes, qui en a fait la lecture.

«Jamais l’option de l’interruption de grossesse ne m’a été nommée et expliquée d’emblée par la femme qui m’a reçue [chez Options]. Lorsque j’ai parlé de cette éventualité, on m’a expliqué que si je désirais mettre un terme à ma grossesse, je ne pourrais plus bénéficier de leurs services, car ils ne feraient rien avec l’interruption volontaire de grossesse. La femme m’ayant reçue s’est aussi mise à me nommer plusieurs risques en lien avec l’interruption volontaire de la grossesse sur ma santé sexuelle et sur mon corps.»

Selon le témoignage, l’intervenante du Centre Options l’aurait également appelée à plusieurs reprises après une première rencontre «pour discuter de la poursuite de sa grossesse», ce que la femme aurait refusé à chaque fois.

Options se défend

Lors de la manifestation devant les bureaux du Centre Options, la directrice des communications de l’organisme, Suzy McVeigh DiBiaso, est sortie pour rencontrer les militantes. Elle a soutenu que le groupe discute de façon neutre sur tous les choix concernant une grossesse non-désirée avec les jeunes femmes.

Quelques militantes ont échangé avec Mme McVeigh DiBiaso mais d’autres ont continué de manifester. En entrevue avec Le Soleil de Châteauguay, Mme McVeigh DiBiaso a déploré le manque d’écoute des manifestantes.

Suzy McVeigh DiBiaso (à gauche) est sortie pour rencontrer les manifestantes devant le local du Centre Options. (Photo : Le Soleil - Paula Dayan-Perez)

Mylène Dionne, une mère de trois enfants était sur place et a défendu le travail de l’organisme. Cette dernière avait demandé leur aide, comme des dons et de l’accompagnement, avec ses deux premiers enfants. En 2021, lorsqu’elle est tombée enceinte sans le vouloir, elle les a consultés concernant ses choix.

«Jamais, avec cette dernière grossesse-là, je ne me suis sentie comme si j’étais obligée de la garder. Au contraire, moi je me sentais comme si je devais la garder puis on m’a rassuré de dire que si je voulais me faire avorter, c’était une possibilité puis ça pouvait être quelque chose qui pourrait être intéressant pour moi. Mais on m’a présenté vraiment les trois choix au neutre», a-t-elle exprimé.

Selon Mme McVeigh DiBiaso, le témoignage lu lors de la manifestation n’était pas un exemple du service offert par le Centre. Elle se questionnait également sur la date des propos recueillis, puisque le groupe Options a changé d’administration en 2017 dans le but de devenir plus neutre.

Mme Juneau, du Quartier des Femmes, assure que les événements se sont déroulés au cours des derniers mois.

Gabrielle Juneau s’est adressée aux manifestants avant de commencer la marche : le Quartier des Femmes offre désormais un service d’accompagnement à l’interruption volontaire de grossesse pour les jeunes femmes de 14 ans et plus. (Photo : Le Soleil - Paula Dayan-Perez)

Seulement des employés chrétiens

La directrice du Quartier des Femmes a également contesté le fait que le Centre Options indique sur ses offres d’emploi qu’il embauche seulement des personnes chrétiennes.

Dans une liste des qualifications requises pour travailler chez Options, l’organisme indique que le candidat doit être «un Chrétien engagé qui démontre une marche vitale avec Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur», peut-on lire sur l’offre d’emploi publiée sur le site de Jeunesse Sans Limite, organisme de charité dont le Centre Options fait partie.

La personne doit «construire et maintenir une vitalité spirituelle personnelle, notamment en consacrant du temps à la prière, à l'étude de la Bible, à des retraites périodiques et en recevant un encadrement spirituel».

Mme McVeigh DiBiaso confirme qu’Options emploie seulement des personnes chrétiennes. Elle souligne également que l’organisme applique une approche «holistique», qui laisse de la place à des dialogues non seulement sur la grossesse ou le logement, mais aussi sur «l’aspect spirituel» si les clientes désirent en discuter.

«Nos services sont pour tous mais s'il y a une exploration spirituelle, nous le faisons à travers le prisme du Christianisme, mais sans pression. C'est 100% le choix des gens», mentionne-t-elle.

Que veut dire laisser une place à la spiritualité? 

«Nous avons juste des discussions en général, répond-elle. Par exemple, dans notre groupe de mamans, il se peut que je partage quelque chose sur ma vie et qu'il y ait peut-être un aspect spirituel à ce sujet parce que je suis une personne spirituelle. Je dirais qu'il est extrêmement rare qu'une discussion spirituelle ait lieu dans notre groupe régulier pour mamans.»

Mme McVeigh DiBiaso assure que lors des premières rencontres avec les femmes qui se questionnent sur une grossesse non planifiée, le personnel ne partage pas ses opinions ni son vécu.

«Même lors de la réunion de soutien aux options de grossesse, dans notre accueil, l'une des questions que l’on pose est : avez-vous des croyances spirituelles, avez-vous une foi?, ajoute-t-elle. Parfois, il est intéressant de savoir si une personne, avant même d'être enceinte, avait des idées sur la grossesse, le maintien d'une grossesse, l'adoption ou l'avortement.»

Plus tôt cette année, le Centre Options avait annoncé avoir acheté une ancienne résidence pour ainés à Châteauguay pour la convertir en maison de transition pour adolescentes enceintes ou qui ont déjà des enfants. L'ouverture est prévue cet automne. 

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