Politique

Claude Haineault réplique au maire Tremblay d'«arrêter de gérer à la petite semaine»

le jeudi 21 juin 2018
Modifié à 16 h 56 min le 21 juin 2018
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

L’ancien maire Claude Haineault a vivement réagi aux sévères critiques exprimées à son égard par le premier magistrat actuel de Beauharnois Bruno Tremblay. À lire : Les finances de Beauharnois pas si roses «Il ne sait pas de quoi il parle, qu’il commence en disant ce qu’il veut faire. Qu’il  arrête de gérer à la petite semaine», a tonné Claude Haineault, en entrevue au Soleil de Châteauguay, le 20 juin.
«Depuis leur arrivée, on entend que du négatif» - Claude Haineault
Le maire Tremblay a écorché l’administration précédente lors de l’adoption des états financiers 2017 de la Ville le 5 juin. Il a dénoncé l’obligation pour la municipalité de puiser 3,9 M$ dans son surplus pour boucler l’année 2017, des revenus de ventes de terrain surestimés, les explosions de coûts de divers projets et pointé du doigt des dépenses «discutables» à ses yeux. «Je ne veux pas être rabat-joie mais il faut arrêter de vendre du rêve et de promettre des réductions de taxes avec la gestion qui nous a été léguée», a déclaré Bruno Tremblay. Il défend son bilan Ces propos ont fait bondir l’ancien maire qui a pris sa retraite plutôt que de briguer un nouveau mandat en novembre dernier. «Je suis en colère ! Il remet en question ma crédibilité» s’est insurgé Claude Haineault. Il a farouchement défendu son bilan. Il a présenté une liste de plusieurs projets qui ont vu le jour grâce au plan de la Ville consistant à acheter des terrains, les doter d’infrastructures et les revendre. Il a mentionné entre autres l’achat de terrain du MTQ où se trouve aujourd’hui le centre commercial du Groupe Harden et l’acquisition de 15 millions de pieds carrés d’Hydro-Québec en 2014 pour y aménager un parc industriel. Là où le projet commercial Espace 30 s’est amorcé ce printemps et où Ikea bâtit son nouveau centre de distribution. «Le centre va desservir l’Est du Canada. C’est pas des pinottes !» s’est exclamé Claude Haineault. Miser sur Ikea L’ancien maire est particulièrement fier de la venue d’Ikea à Beauharnois et, selon lui, c’est un fer de lance sur lequel miser. «Un dossier comme Ikea, le maire (Tremblay) a beau dire à tout le monde que Montréal International est arrivé avec ça sur un plateau d’argent, c’est pas vrai ! On a travaillé pendant deux ans de temps. C’est parti du CLD cette idée-là, ç’a été repris par la Ville», a exposé M. Haineault. Répondant au reproche d’avoir dépassé la cible de 2017 pour la masse salariale, il a fait valoir que la Ville avait besoin d’employés supplémentaires pour répondre, entre autres, aux demandes des investisseurs. «Quand une industrie veut s’implanter, il faut travailler avec le service des travaux publics, avec le service des finances, avec le service d’urbanisme, avec tous les services de la Ville, les organismes comme la MRC, la CMM, tous les autres qui interviennent dans le dossier, ça prend quelqu’un pour piloter ça, ça prend quelqu’un pour répondre aux questions des gens comme Ikea. On a passé deux ans à répondre à leurs questions», a détaillé Claude Haineault. Toujours optimiste Le maire Tremblay ne doit pas s’inquiéter du fait que les ventes de terrain escomptées en 2017 et les revenus en découlant n’aient pas été au rendez-vous, soutient Claude Haineault. «Ils vont l’être l’année prochaine, a-t-il prédit. Ces terrains-là ne sont pas disparus. Sont toujours là. Quand il va les vendre, il va l’encaisser ce montant-là. C’est pour ça qu’il faut gérer sur cinq ans !» Il a assuré que plusieurs investisseurs étaient toujours intéressés à s’établir à Beauharnois, notamment des fournisseurs d’Ikea. «Des développeurs disent : nous, notre principal client c’est Ikea, on veut s’implanter à Beauharnois», a-t-il soutenu. L’ancien maire admet qu’il a pris des risques mais «calculés», a-t-il souligné. Il estime que le nouveau conseil pèche par excès de prudence. «On a tout ce qu’il faut. Si Beauharnois ne vend pas de terrain, personne ne va en vendre ! Qu’ils travaillent et qu’ils le fassent, ils vont le livrer. Il a une vitrine extraordinaire, on a un parc industriel extraordinaire», a martelé M. Haineault. Il a renchéri : « C’est sûr que si tu ne fais rien, si t’avances pas, les employés d’Ikea va falloir qu’ils restent en quelque part. Si on rouvre pas des terrains, si on ne fait pas de développement, si on n’amène pas des promoteurs à investir, on ne pourra pas les loger, ce monde-là va aller ailleurs et il n’y en aura pas d’autres investissements.» Surplus et emprunt Claude Haineault a fait part que, sous son administration, le surplus libre de la Ville est passé de 427 000 $, en 2009, à 9,6 M $ au 31 décembre 2017, plus 1,1 M $ dans le fonds de développement économique, soit 10,7 M $. Montant qui figurait dans son plan, a-t-il montré. Selon lui, il n’avait pas à rembourser les emprunts de 30 M $ pour les infrastructures au fil de la vente de terrains mais sur un horizon de cinq ans. Une formule tout à fait conforme aux lois, a-t-il dit. M. Haineault allègue que la municipalité n’aura aucune difficulté à rembourser son emprunt de 30 M $ considérant «le surplus de 10 M $, des terrains à vendre dans le parc industriel d’une valeur de 25 M $ et un remboursement escompté de 4 M $ de la part de Gaz Métro», a-t-il observé. «Cela laisse donc des disponibilités de 40 M $ d’ici 4 ans, de quoi largement rembourser le règlement de 30 M $ du parc industriel à son échéance de renouvellement en 2023. Pour y arriver, il leur suffira de réaliser en quatre ans autant de vente de terrain, avec Ikea comme vitrine, que nous en avons réussi en deux ans et demi à partir de zéro», a-t-il considéré. Dépenses Concernant le bilan de l’année 2017 réalisé en vidéo, Claude Haineault a réfuté le coût de 40 000 $ dénoncé par Bruno Tremblay. «Il a dit clairement, le rapport annuel à 40 000 $ c’est un gaspillage. Il a coûté 18 200 $ le rapport annuel ! Il a comptabilisé le temps des employés qui ont passé dans la vidéo de jour pour dire que ça a coûté plus cher que ça. C’est de la boulechite» s’est-il enflammé. Au sujet des coûts supplémentaires des rénovations de l’hôtel-de-ville, il a justifié : «On s’est aperçu qu’il fallait en faire plus. L’hôtel-de-ville c’est une bâtisse qui date de 1950». Il ne regrette pas la décision de faire construire par les employés de la Ville le complexe aquatique et la capitainerie. Une formule qui n’est plus possible, a-t-il observé puisque l’ancienne directrice générale, que le nouveau conseil a rétrogradé et qui a ensuite démissionné, «était la seule dans la Ville à détenir une licence d’entrepreneur général», a déploré Claude Haineault. «Qu’ils travaillent» Claude Haineault déplore n’entendre «que du négatif» de la part du nouveau conseil. «Le nouveau conseil, qu’il arrête de chialer après tout et de tout contester et qu’il commence à dire ce qu’il veut faire avec cette ville-là, au lieu de commencer à dire je vais augmenter les taxes», opine l’ancien maire de Beauharnois. «À partir du 1er janvier 2018, c’est eux autres qui sont responsables de ça. Qu’ils prennent leur job en main, qu’ils travaillent, qu’ils la fassent la job. À eux d’assumer la responsabilité de leurs choix, poursuit-il. Cessez de jouer au politicailleux qui s’essuie les pieds sur ses prédécesseurs et se livre à des vendettas contre les cadres en place. Ce n’est pas en rabaissant les autres que vous deviendrez un sauveur en encaissant les retombées de nos investissements.» «Nous, Claude Haineault, Gaétan Dagenais, Michel Quevillon, Guillaume Lévesque-Sauvé, Patrick Laniel, Jacques Daoust et Linda Toulouse, avons livré la marchandise en gérant de façon positive et responsable. Vous, en serez-vous capables ?» conclut l’ancien maire en s’adressant au maire Tremblay et aux nouveaux conseillers.