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Des citoyens contre le développement sur la terre Faubert

le mardi 16 avril 2024
Modifié à 12 h 20 min le 17 avril 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

La terre Faubert longe l'autoroute 30 entre les boulevards Saint-Jean-Baptiste et Pierre- Bourcier à Châteauguay. (photo : gracieuseté Sauvons la terre à Faubert)

Un groupe de citoyens de Châteauguay s’oppose au développement de la terre Faubert, un terrain qui longe l’autoroute 30, entre les boulevards Saint-Jean-Baptiste et Pierre-Boursier, constitué d’un boisé et de milieux humides. La Ville souhaite que les citoyens participent à l’élaboration du Plan particulier d’urbanisme (PPU), mais prévient qu’il y aura du développement résidentiel dans ce secteur.

Plusieurs citoyens se sont présentés à la séance du conseil municipal du 15 avril pour poser des questions aux élus sur leurs intentions pour ce secteur de la ville. D’entrée de jeu, le maire Éric Allard les a prévenus que sa seule réponse aux questions à ce sujet serait : «venez à la consultation publique en juin».

«Ce que vous venez de dire est inacceptable, a rétorqué Chantal Payant, une citoyenne, déplorant que la Ville refuse de répondre aux questions. «La consultation va servir à répondre aux questions. On ne fera pas la consultation ce soir. Si on ne la fait pas maintenant, c’est qu’on n’est pas prêt», a répondu le maire.

Processus de consultation

La terre Faubert appartient à un propriétaire privé qui souhaite y faire du développement résidentiel. La Ville est à l’étape de l’élaboration d’un plan particulier d’urbanisme. Pendant ce processus, les citoyens peuvent se faire entendre sur ce qu’ils souhaitent pour l’aménagement du secteur.

Un premier atelier de travail avec des citoyens a d’ailleurs eu lieu en février. Près d’une centaine de personnes étaient présentes et ont fait part de leurs commentaires. Ceux-ci seront pris en compte, assure le maire.

«Sauvons la terre Faubert»

Depuis, des citoyens du quartier à proximité du boisé ont créé le groupe Sauvons la terre à Faubert et souhaitent qu’elle soit conservée plutôt que développé. Elle compte des boisés ainsi que des milieux humides.  «Ce terrain, qui pourrait recevoir des projets nourriciers, remplit de grands services écologiques : parc nature, absorption de l’eau de pluie, filtre de la pollution de l’autoroute 30, habitat pour la biodiversité», écrit le comité citoyen dans un feuillet distribué dans le quartier voisin du terrain. Une pétition circule aussi.

Jusqu’à maintenant, la Ville refuse de préciser le nombre de logements projetés sur la terre Faubert.

«Ce n’est pas terminé. On est en train de faire le plan particulier d’urbanisme. Il va y avoir du développement, mais on est à l’étape de voir comment on le fait et comment on fait pour ajouter plus de verdure», a expliqué M. Allard au Journal, quelques jours avant le conseil municipal. Il précise que la Ville exige que le promoteur protège un minimum de 30 % de la superficie de son terrain.

Milieux humides et boisé

Selon le plan régional des milieux humides et hydriques de la MRC de Roussillon adopté en décembre 2023, il est question de « construction d’habitations bifamiliales et multifamiliales de 2 à 4 étages [qui] devrait rendre disponibles jusqu’à 2 600 logements», dans la terre Faubert. «Bien qu’ils soient de petite taille, ces  milieux humides présentent généralement un bon potentiel de conservation et leur protection permettrait de conserver leurs services de filtre contre la pollution et d’amélioration de la qualité du paysage pour les secteurs résidentiels et agricoles qu’ils séparent», indique-t-on dans le document. Ce dernier précise aussi que la terre Faubert est un des derniers terrains «de taille considérable qui reste à développer à Châteauguay».

La terre Faubert, à gauche sur la photo, vue de la rue Paganini à Châteauguay. (Photo : Le Soleil - Joëlle Bergeron)

Lucie Laberge, la conseillère municipale du district où est situé le terrain, a invité les citoyens à faire preuve d’ouverture puisque le promoteur «a aussi une grande ouverture» en matière d’environnement. Elle a évoqué des parcs et des pistes cyclables. Elle a aussi souligné que les immeubles de 4 étages étaient prévus le long de l’A-30. «Le v’là, notre mur de son qu’on demande depuis des années. Je pense qu’on a une belle opportunité de faire preuve d’ouverture», a-t-elle commenté.

Terre Faubert en bref

La terre Faubert appartenait à la famille de Jean-Yves Faubert.  Dans les années 1980, une demande d’inclusion a été faite pour inclure 82 arpents à la zone agricole. On y prévoyait la construction d’une serre, d’un entrepôt frigorifique pour les légumes et l’expansion des fraisières.

Au fil des ans, les activités agricoles ont cessé et l’autoroute 30 a été construite.

En 2019, la Ville fait une demande d’exclusion à la zone agricole de 28,64 hectares pour qu’il y ait du développement résidentiel. La Commission de protection du territoire agricole du Québec a accepté la demande, soulignant que cette terre «bien que possédant des sols de très bon potentiel, est soumise à de nombreuses contraintes réglementaires qui limitent de façon très importante les activités agricoles qu’on peut y réaliser».

Une compagnie à numéros est désormais propriétaire du site.

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