Opinion

Le jour où Facebook m’a supprimée

le lundi 31 août 2015
Modifié à 0 h 00 min le 31 août 2015
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

Récemment, sans avertissement et sans mon consentement, je suis disparue de la planète Facebook.

J’étais à mon bureau au journal et (évidemment) je travaillais. En 2015, un réseau social comme Facebook est indispensable pour le travail d’un journaliste. Il permet de contacter des sources potentielles,  d’y apprendre une foule de nouvelles et d’informer nos lecteurs.

Ce matin-là, j’étais en train de faire une courte entrevue via la messagerie de Facebook quand, tout à coup, mon compte s’est fermé inopinément.  Croyant à un bogue, j’ai tenté de me reconnecter. Mais Facebook me l’a interdit. Il était simplement écrit : «votre compte a été désactivé en raison d’une infraction aux conditions d’utilisation de Facebook. Pour faire appel de cette décision, cliquez ici.»

Qu’est-ce que j’avais bien pu faire pour «enfreindre» les règles de Facebook? Des collègues m’ont taquiné en me disant : «es-tu sûre que tu n’as pas publié de photos compromettantes ou choquantes?» Bien entendu la réponse à cette question est non.

Pourquoi alors Facebook me soupçonne-t-il d’être une criminelle du réseau social? En cliquant sur le lien permettant de faire appel, j’y apprends qu’on croit que j’usurpe l’identité de quelqu’un. Étrange.

Pour «prouver» mon identité, le site demande d’envoyer une pièce d’identité valide. Parmi celles suggérées on retrouve le passeport (!), la carte d’électeur, le permis de conduire, le certificat de mariage ou un acte de naissance.

Plusieurs questions me viennent à l’esprit. Est-ce une attrape ? Est-ce sécuritaire ? Ont-ils le droit de m’obliger à envoyer un tel document ? Comme il est précisé qu’on peut masquer des informations personnelles, j’ai décidé d’envoyer une copie de mon permis de conduire caviardée sur laquelle on voit ma photo, mon nom et ma date de naissance.

En attendant que Facebook me donne des nouvelles (et n’ayant aucune idée si ça allait être le cas), j’avoue que j’étais vraiment découragée et fâchée contre ce réseau social. J’ai réalisé qu’absolument rien ne nous appartient sur «notre» page. En une fraction de seconde, j’ai perdu le contact avec mes 240 amis et les 200 groupes dont je suivais les activités. J’ai perdu les photos que j’ai publiées au fil des années  ainsi que mon accès pour aider à l’administration de la page du Journal Le Soleil.

Trois jours plus tard, j’ai pu accéder à nouveau à mon compte. J’en suis bien contente, mais plusieurs questions sont restées sans réponse. Bien que je leur ai demandé, Facebook ne m’a pas dit sur quoi il se basait pour m’accuser d’usurper l’identité de quelqu’un. On s'est contenté de s’excuser «pour la gêne occasionnée».

Je peux vous dire que si je le pouvais, je «flusherais» Facebook de mes amis.