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Tendance des bains glacés : pas pour les frileux

le dimanche 05 mai 2024
Modifié à 8 h 25 min le 06 mai 2024
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Confrontante, mais agréable, l’expérience permettant de passer d’une salle chauffée à 35 degrés à une vasque d’eau très froide peut devenir époustouflante.

Les bains glacés ont la cote et la thérapie par le froid est en plein essor. Chez Idolem Hot Yoga chaud, on a décidé de surfer sur la vague et d’offrir cette expérience vivifiante.

« Ce ne sera pas seulement une tendance, ça va devenir un must. Au niveau de la récupération sportive ou même dans le jour à jour, pour améliorer la qualité du sommeil, le besoin de booster le système immunitaire, de calmer l’inflammation dans le corps, les bienfaits sont nombreux », estime Isabelle Bourdeau d’Idolem Roussillon à Sainte-Catherine, qui est devenue copropriétaire de l’endroit il y a un an et demi avec son conjoint Daniel Pelletier. 

« On voit clairement que les gens qui le font veulent revenir le faire. Ils deviennent des réguliers, viennent après chaque cour de yoga, vont faire les bains. Ça commence à s’installer », explique celle qui vit l’aventure entrepreneuriale avec ses fils Charles et Mathis, ainsi que six employés.

Une immersion intimidante

Ne devient pas spécialiste des bains glacés qui veut. Isabelle Bourdeau accompagne les adeptes dans leurs premiers pas.

D’abord, pour apprécier l’expérience à son maximum, on recommande de vivre le yoga chaud, ou toute autre forme de parcours yogique qui ravive le système et fait appel aux muscles. Dans ce cas-ci, alors que Le Reflet a voulu vivre l’aventure à fond, Melsey Mélanie, une yogi expérimentée, accueille dans son monde les amateurs de yoga dans un studio chauffé à 35 degrés.

Pendant une heure complète, les plus érudits de ses étudiants vont réussir à adopter des positions leur permettant de se rapprocher des athlètes de haut niveau. Certains recommandent d’ailleurs aux athlètes blessés de revenir à l’action à travers le yoga.

Puis, de la salle qui s’apparente à un sauna sec, on passe au bain glacé, dont l’eau est maintenue à 4 degrés. Un écart effrayant à première vue.

« L’important, c’est de contrôler, comme pendant la séance de yoga, sa respiration. Tout passe par là. De longues et profondes inspirations et expirations. Il est important de ne pas paniquer en entrant dans l’eau. On le fait tranquillement et tout se passe bien », explique Isabelle Bourdeau.

(Photo: Le Reflet - Denis Germain)

Un bain de récupération

Pour plusieurs, les bienfaits physiques et mentaux sont nombreux pour les adeptes de ces bains glacés, propulsés par Wim Hof, une sommité néerlandaise en bien-être. L’approche consiste en une immersion volontaire dans cette eau glacée qui permet de retrouver sa concentration, d’améliorer la récupération sportive, de réduire l’inflammation musculaire, d’offrir un meilleur sommeil, de regagner de l’énergie et de se libérer du stress, en apaisant le niveau d’anxiété.

Le bien-être apporté par ce plongeon contrôlé dans une eau plus que froide est réconfortant, vivifiant, tonifiant, pour le journaliste qui a tenté l’expérience.

Néanmoins, malgré les apports énergiques, on souligne qu’il existe quelques contre-indications. « Il faut connaître les risques, mais parfois, l’accompagnement fait toute la différence. On peut contrôler ces risques et aider les gens », plaide Isabelle Bourdeau qui signale malgré tout, des situations où l’on doit éviter les bains. Ainsi, les gens souffrant de problèmes cardiaques, du syndrome de Raynaud ou de troubles de la circulation, de même que les femmes enceintes, doivent éviter d’y plonger.

Or, l’auteur de ces lignes en est ressorti ragaillardi et emballé. Au point de vouloir renouveler la séance qui peut parfois couper le souffle.

Un outil parmi tant d'autres

Alexandre Aubé est copropriétaire du centre de kinésiologie et de développement athlétique Motto à Saint-Constant et Longueuil. Il croit que les bains de glace sont un outil parmi d’autres pour une récupération sportive efficace.

« Il faut en prendre et en laisser dans cette tendance de plus en plus populaire. C’est vrai qu’il y a des bienfaits, comme la baisse de la vitesse de la conduction nerveuse, ce qui amène un effet de réconfort. Mais ce ne sont pas tous les athlètes qui en ont besoin », indique celui qui s’y connaît en la matière.

Les employés de son entreprise sont engagés à titre de préparateurs physiques de 800 athlètes de trois des plus grandes organisations sportives de la Rive-Sud, soit les Lynx du Cégep Édouard-Montpetit, les Dynamiques du Collège Charles-Lemoyne et le Collège-Français de Longueuil. « C’est un peu comme le Gatorade. Ça a été créé pour aider les athlètes de pointe. Mais aujourd’hui, les gens boivent ça en regardant la télé. Ce n’est pas l’utilisation adéquate. Les bains de glace, c’est pour contrecarrer les impacts qu’a reçu le corps après un exercice intense », plaide Alexandre Aubé.

Des bienfaits réels

Il répète néanmoins que les effets positifs sont réels. « C’est vrai que c’est anti-inflammatoire. Mais par exemple, au football, je le recommanderais aux joueurs de ligne qui subissent des impacts violents à chaque jeu. Les receveurs de passe qui sont plus sur la vitesse bénéficieraient plutôt de faire du vélo stationnaire à basse vitesse pour une meilleure récupération, par exemple », indique-t-il.

Il peut être indiqué pour certains athlètes, comme les joueurs de football, de recourir aux bains glacés qui ont des vertus anti-inflammatoires. (Photo Le Reflet – Archives)

« Quand tu es irrité, inflammé, enflé, que tu as des ecchymoses ou que tu t’es grafigné, les bains de glace donnent un repos à ton corps. Mais pour certains athlètes, l’effet placebo est important parce que s’ils sont bien dans leur tête, ils vont bien aller, alors pour eux les bains de glace, c’est réconfortant », ajoute Alexandre Aubé.

Il assure que les contre-indications ne sont pas si nombreuses comme l’indiquent les études réalisées à ce sujet, notamment aux États-Unis.