Faits divers

Vague de graffitis haineux à Châteauguay

le mercredi 13 mars 2024
Modifié à 10 h 41 min le 14 mars 2024
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

 

Après le Quartier des femmes au début du mois, voilà que plusieurs de commerces de Châteauguay ont été la cible de graffitis haineux dans la nuit du 12 au 13 mars. La police de Châteauguay rapporte une dizaine de cas depuis le 21 février.

Elyssa Cipriani, propriétaire de l’entreprise Force Nutrition, a été avisée tôt en matinée par une employée qu’une croix gammée a été dessinée sur la porte d’un entrepôt juste à côté de son commerce situé sur la rue Kepler.

Arrivée sur place, Mme Cipriani a réalisé que plusieurs commerces voisins avaient aussi été ciblés, dont les restaurants Lal Kella Tandoori et Tahiti. Le Journal a également vu des graffitis sur la vitrine du Supermarché Idia et sur le muret arrière du A&W. «C’est vraiment spécifique sur des commerces dont les propriétaires sont issus des minorités», déplore Mme Cipriani, elle-même d’origine juive. Elle ne croit pas que sa communauté soit particulièrement ciblée, mais qu’il s’agit plutôt d’un symbole «pro-blanc».

«Ça fait 13 ans que j’habite à Châteauguay et c’est la première fois que je ne me sens pas à l’aise, pas la bienvenue, confie celle qui est en affaires dans la municipalité depuis 9 ans avec son conjoint. C’est une grande fierté pour nous d’être ici et d’être impliqués. Tout le monde est bienvenu pour nous.»

Plusieurs commerces ont été ciblés dans la nuit de mardi à mercredi. (Photo : gracieuseté)

L’employé d’un autre commerce visé dit être étonné de voir de tels graffitis à Châteauguay. «Oui, ces graffitis racistes sont lourds de sens et vraiment horribles, mais il n'y a pas eu de gestes violents à l'encontre de personne ou encore de cocktails Molotov lancés dans une vitrine. Ce que j'espère, c'est que ce soit le geste isolé de quelqu'un d'un peu inconscient et qu'il n'y ait pas d'escalade de la violence», a commenté Eric Britto.

De tels graffitis ont aussi été aperçus dans la cour de l’école primaire Saint-Willibrord. Une compagnie de nettoyage était en train de les effacer au moment où le Journal est passé mercredi avant-midi. Préférant attendre l’aval de la Commission scolaire, le directeur de l’établissement n’a pas souhaité commenter les événements.La commission scolaire New Frontiers a confirmé au Journal qu'il s'agit du deuxième graffiti du genre. La police a été avisée.

Enquête en cours

Le Service de police de Châteauguay enquête sur une dizaine de cas de graffitis à l’effigie de la croix gammée sur le territoire de la municipalité depuis le 21 février. «On n’a pas de commerces ciblés nécessairement ou des liens à faire avec les Juifs ou le conflit en Palestine, mentionne Erika Grondin, agente aux relations médias à la police de Châteauguay. Pour l’instant, toutes les pistes sont encore à évaluer par nos enquêteurs.»

Le maire de Châteauguay Eric Allard dénonce ces gestes haineux. «Tout vandalisme, c’est inacceptable. Mais quand on s’attaque à des gens et qu’on utilise des symboles qui sont aussi haineux, c’est totalement inacceptable, commente-t-il. Ça n’a pas sa place dans notre société et ça n’a pas sa place à Châteauguay.»  Le maire et la police invitent les commerçants et les citoyens à dénoncer s’ils sont témoins d’actes du genre.

(Avec la collaboration de Joëlle Bergeron)