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Vendre sa maison imprégnée de 40 ans de souvenirs

le samedi 24 novembre 2018
Modifié à 6 h 50 min le 24 novembre 2018
Par Marie-Josée Bétournay

mjbetournay@gravitemedia.com

Denis et Denise Dufault ont vendu au début de l’automne la maison qu’ils ont habitée de 1978 à 2018 à Châteauguay. Quarante ans, une vie ? «Oui, répond M. Dufault. Mais ç’a passé très vite.» À la fin des années 1970, M. et Mme Dufault ont opté pour une propriété construite en 1962. Ils l’ont acquise au coût de 29 000 $. Denis Dufault relate que la décision de quitter la maison familiale s’est précisée dès que son épouse, aujourd’hui âgée de 74 ans, ait commencé à éprouver de la difficulté à se déplacer. L’entretien de la maison et la coupe du gazon demandaient beaucoup d’efforts et de temps aux conjoints.
Je suis à la retraite depuis 15 ans, mais je suis toujours parti. Il fallait trouver quelque chose. - Denis Dufault
Denis Dufault ne voit pas la vente de la résidence familiale comme un deuil. «J’ai passé 40 belles années. C’était ça. Je l’accepte. J’ai eu du plaisir, c’était fantastique, mais où je suis, c’est fantastique aussi. Notre porte-patio donne sur un terrain de soccer», lance en riant l’homme, reconnu pour son engagement auprès de joueurs de soccer de la région depuis près de quatre décennies. Logement pour retraités Depuis le mercredi 1er août, le couple Dufault demeure dans un logement de 4 1/2 pièces pensé pour les retraités. L’appartement prend place dans un complexe à Châteauguay toujours. L’homme de 75 ans se considère chanceux de vivre dans la même ville. «On voulait un 4 ½ dans une maison pour retraités, mais à Châteauguay il n’y en a pas énormément. En décembre et janvier, lorsque nous avons entrepris nos recherches, il n’y avait rien», soutient le septuagénaire en ajoutant qu’un appartement s’est libéré dans la région au printemps. Dans son nouveau chez soi, Denis Dufault occupe ses journées en jouant au billard et au jeu de sacs de sable ainsi qu’en pratiquant le yoga. Le retraité se rend également dans la salle de conditionnement physique du complexe pour aînés. Quant à son épouse, elle profite des lieux en se prélassant dans la salle de repos de la résidence. L’aménagement d’un ascenseur sur les lieux facilite aussi ses déplacements, selon M. Dufault. [caption id="attachment_53240" align="alignleft" width="521"] Brandon et Chloé avec leur père Stéphane et leurs grands-parents Denise et Denis Dufault.[/caption]

Habités par la nostalgie

Lorsque des parents quittent la maison familiale pour un type d’habitation propice à leurs besoins, les enfants et petits-enfants sont également concernés dans leur décision. Stéphane Dufault, fils unique de Denis et Denise Dufault, a vécu la vente de la propriété de ses parents avec un brin de nostalgie, confie-t-il.
Quand tu vides chaque chambre, il y a un mélange de toutes les premières fois. Stéphane Dufault
M. Dufault avait sept ans lorsqu’il a emménagé à Châteauguay avec ses parents. À cette maison, l’homme de 47 ans rattache plusieurs souvenirs. Celui qui lui vient rapidement à l’esprit : les rassemblements chaque Jour de l’An. «Avec les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, la grand-mère paternelle, qui est le centre de la famille, des collègues de travail de mon père, qui sont devenus des amis, nous étions une trentaine dans la maison. Il y avait plusieurs tablées», se souvient-il. M. Dufault ajoute s’être rendu chez ses parents partager le souper dominical chaque semaine de 1995, année de son départ du nid familial, à 2015. «Pour nos enfants, c’était une raison de plus d’aller voir les grands-parents», poursuit-il. La maison des premières Le fils a aidé ses parents à ranger les biens dans des boîtes lors du déménagement. Cette étape a fait ressurgir plusieurs premières fois. «Ç’a été la maison de mes premières amours, premières rides de vélo, premiers animaux de compagnie, les devoirs par terre dans le salon. Tout y passe. Une page de ma vie se tourne pour ne plus jamais être ouverte», souligne-t-il. [caption id="attachment_53246" align="alignleft" width="521"] Durant leur enfance, Chloé et Brandon, les enfants de Stéphane Dufault, se sont amusés longuement sur le terrain de soccer que leurs grands-parents ont peint au sous-sol de la résidence.[/caption] [caption id="attachment_53247" align="alignleft" width="521"] Une fête de famille[/caption] Chloé, la fille de Stéphane Dufault, se souviendra longtemps du terrain de soccer que ses grands-parents ont peint au sous-sol de la résidence. «Vu qu’il n’y avait pas beaucoup d’espace, quand moi et mon frère (Brandon) faisions des tirs ou même des passes, on brisait plusieurs outils et armoires et à ce moment-là on entendait mon grand-père et son chien Jackie descendre en courant pour voir si on était corrects sans penser à ses armoires qui n’avaient plus de tiroirs», affirme l’adolescente de 14 ans. Le dimanche 28 octobre, la petite famille Dufault s’est réunie à la résidence de Châteauguay le temps d’une dernière photo. Chloé et son père en ont profité pour faire une tournée des pièces. «Dans chacune des chambres elle me disait : "t’en souviens-tu Dad"», conclut Stéphane Dufault.  

8 % des Québécois de 65 ans et plus prévoient acheter une nouvelle propriété

La situation de Denis et Denise Dufault, un couple de Châteauguay, n’est pas unique. Un sondage de la Fédération des chambres immobilières du Québec, qui sera rendu public à la fin novembre, révèle que 8 % des répondants 65 ans et plus ont l’intention d’acheter une nouvelle propriété au cours des cinq prochaines années. L’Enquête sur les intentions d’achat et de vente de propriétés, produite conjointement avec l'Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec et le Fonds immobilier de solidarité FTQ, a été réalisée par Léger, une firme de sondage, de recherche et de stratégie marketing, du jeudi 4 octobre au vendredi 19 octobre. Parmi les 6931 répondants, près de 1700 d’entre eux ont signifié leur intention d’acheter une nouvelle propriété au cours des cinq prochaines années. Lors de l’achat de leur prochaine propriété, les répondants de 65 ans arrêteront leur choix sur une habitation à la superficie habitable plus petite et demandant moins d’entretien, explique Paul Cardinal, directeur analyse du marché pour la Fédération des chambres immobilières du Québec. Au total, 40 % d’entre eux troqueront leur résidence pour un condominium alors que 50 % réinvestiront dans une résidence unifamiliale. Les personnes qui briseront leur cochon pour investir dans une habitation opteront pour un service clé en main. «Les gens ne sont pas très friands à faire des rénovations», précise M. Cardinal. Au total, 20 % des futurs acheteurs se pencheront sur une propriété dont la valeur est supérieure à celle qu’ils occupent alors que 40 % prioriseront l’inverse. À l’achat d’une habitation, les répondants prendront en considération la proximité des services (63 %), la sécurité du voisinage (32 %) et la proximité de la parenté et des amis (30 %) dans leur prise de décision. Logement locatif Et le logement locatif? M. Cardinal affirme que la construction de ce type d’habitation connaît une recrudescence au Québec depuis deux ans. «Le locatif traditionnel est plus dispendieux que les parcs d’immeubles à logements existants. Pourquoi parvient-on à les remplir? C’est parce que l’on vise une clientèle de gens plus âgés, qui profitent de leur pleine autonomie», dit-il en précisant que les résidences pour personnes retraitées ne constituent pas la prochaine étape pour eux. Si ces aînés s’intéressent à la copropriété, ils délaissent la vie en condominium pour «ne plus immobiliser leur capital, pouvoir être mobiles, ne pas avoir à s’entendre avec d’autres copropriétaires», rapporte M. Cardinal. Lors d’un prochain déménagement, 40 % des répondants sont prêts à s’établir dans une région autre que celle qu’ils habitent. «Ils veulent se rapprocher de leurs enfants, retourner dans leur région d’origine. Des gens veulent s’en aller vers des centres de villégiatures, comme les régions des Laurentides, l’Estrie et Charlevoix, parce qu’ils y ont une résidence secondaire», indique le directeur analyse du marché pour la Fédération des chambres immobilières du Québec. D’autres s’exilent parce qu’ils recherchent une maison intergénérationnelle; «un phénomène limité», selon M. Cardinal. Terrebonne, Mascouche, Laplaine, Repentigny, Mirabel, Blainville, Saint-Eustache, Saint-Jérôme, Vieux-Longueuil et Saint-Hubert comptent parmi les endroits ayant enregistré le plus de transactions liées à ce type d’habitation sur le marché de la revente, mentionne-t-il. Données sur les intentions d’achat des 65 ans et plus au Québec   L’Enquête sur les intentions d’achat et de vente de propriétés de la Fédération des chambres immobilières du Québec révèle que 8 % des répondants de 65 ans et plus ont l’intention d’acheter une propriété au cours des cinq prochaines années. De ce nombre :
  • 3 répondants sur 10 veulent réduire la superficie habitable
  • 3 répondants sur 10 souhaitent réduire la charge d’entretien
  • 4 répondants sur 10 envisagent habiter en condominium
  • 1 répondant sur 2 songe à l’achat d’une maison unifamiliale
  • 1 répondant sur 5 regarde une propriété dont la valeur est plus élevée que son habitation actuelle et 2 répondants sur 5 envisagent le contraire
  • 4 répondants sur 10 pensent changer de région
  Nombre de personnes de 65 ans et plus au Québec : 1 500 000 (Source : Statistiques Canada, recensement de 2016)