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VIDÉO - Grogne autour d’un projet de CPE dans un parc

le mercredi 02 février 2022
Modifié à 16 h 38 min le 02 février 2022
Par Valérie Lessard

vlessard@gravitemedia.com

La Ville compte céder une partie du parc Cambrai au CPE Les Lutins à Châteauguay pour la construction d'une nouvelle installation. (Photo : Capture écran)

Des citoyens des rues Sullivan et Circle Park à Châteauguay s’opposent au projet de construction d’un Centre de la petite enfance (CPE) dans le parc Cambrai arguant la perte de quiétude dans leur quartier. La Ville, qui cédera une partie du parc au CPE, dit comprendre leurs déceptions, mais affirme que les options de terrains sont limitées pour mener ce projet à terme.

Kelley Benson habite Châteauguay depuis toujours. Elle a acheté une maison sur la rue Sullivan, juste à côté du parc Cambrai, il y a quatre ans. «J’approche de la retraite, je suis à la recherche de tranquillité et c’est justement pour cette raison que je souhaitais vivre à côté de ce parc», explique-t-elle en entrevue.

C’est par hasard – en voyant des employés de la Ville faire des travaux dans le parc – qu’elle a été mise au courant du projet de CPE tout près de chez elle.

Le CPE Les Lutins, qui a déjà une installation rue St-Eugène, à l’autre extrémité du parc, attend depuis 2013 de construire une deuxième installation. Le projet prévoit un immeuble de deux étages qui accueillera 64 enfants. Un stationnement d’une vingtaine de places est également dans les plans.

Les Centres de la petite enfance ont la possibilité de demander l’usage d’un terrain de la Ville ou d’être propriétaire d’un terrain.

Perte d’intimité

Le lot visé par la Ville est une section du parc Cambrai non loin de l’intersection de la rue Sullivan et du boulevard Saint-Joseph. Dans le cas de Mme Benson, la garderie sera située près de sa cour arrière, tout comme d’autres propriétaires de la rue Circle Park.

«Je vais complètement perdre mon intimité, déplore Mme Benson qui souligne travailler de la maison. Je vais me retrouver avec un immeuble de deux étages dans ma cour, un stationnement à côté de chez moi où il y aura un va-et-vient, sans parler du bruit causé par les cris et les pleurs des enfants.»

Même constat pour Myriam Paquin qui habite rue Circle Park. «Ça fait 25 ans que j’habite ici. Quand tu achètes une maison avec un parc en arrière, c’est pour la tranquillité d’esprit. Ce n’est pas comme si tu restais à côté d’un lot vacant où il y a un risque que quelque chose se construise», exprime-t-elle.

À la demande des citoyens concernés, une rencontre d’information avec la conseillère municipale du quartier Marie-Louise Kerneïs, le maire Eric Allard et des représentants de la Ville a eu lieu pour discuter de leurs préoccupations à l’égard du projet. Les citoyens ont proposé d’autres terrains avoisinants, par exemple près du Centre régional et de même que d’autres parcs, mais ceux-ci n’étaient pas adéquats, selon les élus. Ils sont soit trop petits, appartenaient à des propriétaires privés ou encore des infrastructures souterraines empêchent la construction. 

La section du parc visé pour le CPE est situé derrière la clôture de Kelly Benson et Blair Boyle. (Photo : Le Soleil - Denis Germain)

Terrains limités

À la séance du conseil municipal de janvier, le conseiller Mike Gendron a expliqué que le projet avait été analysé par l’ancien conseiller municipal du quartier Marcel Deschamps. Ce dernier «avait levé la main» pour avoir un nouveau CPE dans son district vu la grande demande de places en garderie.

«Il avait analysé et c’est le parc qui est le moins utilisé par les enfants. Il avait ciblé ce parc depuis le début parce que c’est surtout un parc où les gens vont marcher», explique M. Gendron.

Le maire dit vouloir minimiser les impacts pour les propriétaires à proximité du projet, mais souligne que cette garderie augmentera le niveau de services dans la municipalité pour 64 familles.

«On comprend que ça peut être dérangeant, mais ce sont des enfants qui joueront dans la cour, seulement le jour, pas pendant les fins de semaine ou le soir, a-t-il exprimé. J’aurais aimé qu’on ait d’autres terres gratuites qu’on aurait pu donner à la place, mais la Ville de Châteauguay n’en possède pas beaucoup. C’est soit des parcs ou des terrains dans le parc industriel.»

 

Deuxième CPE dans un parc

Des citoyens ont critiqué le fait que le maire s’était déjà opposé à un autre projet de CPE dans un parc, cette fois dans le parc de Concord, alors qu’il était conseiller municipal.

«La situation est différente. Celui-là (parc Concord) était construit dans la face des résidents et il n’y avait aucune possibilité de protection de la vie privée», s’est-il défendu.

À lire aussi : Feu vert à un CPE dans le parc de Concord

Mmes Benson et Paquin ont toutes deux indiqué au Soleil de Châteauguay ne pas être contre les garderies – elles sont également mamans – mais c’est le lieu choisi qui dérange.

Du côté du CPE Les Lutins, la directrice Elodie Gaucher attend depuis plusieurs années que le projet avance alors que la liste d’attente s’allonge.

«Je conçois que ça ne plait pas à certains d’avoir un CPE en arrière de chez eux, mais il faut comprendre que ça servira à 64 familles de Châteauguay», commente-t-elle.

Mme Gaucher s’est dite ouverte à faire des changements pour diminuer les irritants du voisinage. «Mais ça doit être dans la limite du raisonnable, indique-t-elle. Il faut voir l’impact financier de ces exigences.». La construction du CPE est financée à 75 % par le ministère de la Famille et l’autre 25 % par le CPE lui-même.

Quant aux craintes de bruit, la directrice assure que c’est limité dans le temps. «Les enfants sortent au maximum deux heures dans la journée quand il fait beau, une heure le matin et environ une heure l’après-midi. Ce n’est pas comme une école», illustre-t-elle.

 

Lors d'une séance extraordinaire du conseil municipal tenue le 28 janvier, le maire  a fait savoir que la Ville a formulé certaines exigences au CPE pour favoriser la quiétude des voisins. Elle demande entre autres l'installation d'une haie, d'un mur anti-bruit dans la cour intérieure et de déplacer l'endroit prévu pour l'entreposage des déchets.

Il a précisé que la Ville a reçu une lettre de l'architecte responsable du projet informant que ces exigences pourraient faire en sorte que le projet soit annulé.