Éducation

La «lourde tâche» des enseignants compliquerait le recrutement

le samedi 10 février 2018
Modifié à 7 h 14 min le 10 février 2018
Par Patricia Blackburn

pblackburn@gravitemedia.com

Selon des enseignants de la région, enseigner est devenu une tâche trop lourde. Ce qui expliquerait en partie la difficulté de recrutement que traverse actuellement le secteur. « Les banques de suppléances sont à sec parce que c’est trop dur d’enseigner», confie Martine Provost, présidente du Syndicat de Lignery (qui représente les enseignants de la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries), qui a accordé une entrevue au Journal Le Soleil de Châteauguay le 31 janvier. Les enseignants ont le sentiment de ne pas y arriver, parce que la tâche est lourde », poursuit-elle. Crainte de ne plus pouvoir y arriver Une enseignante de la région, qui a accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat, croit elle aussi que la tâche des enseignants est devenue plus difficile depuis les dernières années. Dans sa classe, elle dit devoir composer avec plus de 50% d’enfants avec des besoins particuliers : « troubles d’attachement, trouble de l’opposition, trouble de l’attention, hyperactivité, autisme, énumère-t-elle. Notre plus grande crainte, confie l’enseignante du primaire, c’est de devoir quitter l’enseignement parce qu’on n’y arrive plus. Pourtant, on aime tous notre travail, on est passionné. Mais les ressources ne sont pas suffisantes, alors plusieurs d’entre nous craignent de flancher». [caption id="attachment_37926" align="alignright" width="224"] Martine Provost.[/caption] La présidente du Syndicat, Martine Provost, partage le point de vue de cette enseignante. «Ils sont là pour aider les enfants à cheminer et à apprendre, ils sont qualifiés pour ça, mais beaucoup finissent par avoir le sentiment de ne pas y arriver parce qu’ils passent trop de temps à faire d’autres tâches. Il faudrait augmenter les ressources spécialisées pour leur permettre de faire leur travail, qui est d’enseigner», croit-elle. À lire également : Les suppléants sont une denrée rare dans la région Épuration des classes Est-ce que ces classes emplies d’enfants aux besoins particuliers est un phénomène nouveau ? Selon un autre enseignant de la région, qui a lui aussi accepté de témoigner sans être nommé, le problème est en effet nouveau et serait, selon lui, en partie attribuable aux profils qui se sont diversifiés dans les écoles. « Au secondaire par exemple, il y a le Programme d’éducation internationale (PEI), les profils en art, en musique ou en sport, qui épurent les élèves. Il y a aussi le secteur privé qui en prend une partie, expose-t-il. Ce qui fait que dans les classes régulières, il reste les autres élèves. Encore quelques-uns qui réussissent bien, mais plusieurs autres, presque la majorité, avec différents troubles d’apprentissage, TSA, TDAH, dyslexie, etc. Ce qui n’était pas le cas avant. Les classes étaient plus équilibrées.  Les enseignants qui se retrouvent avec les classes régulières d’aujourd’hui doivent donc être plus organisés, mieux préparés. Et c’est plus épuisant », confie-t-il. Quelques solutions proposées par le Syndicat et les enseignants
  • Augmenter le nombre de ressources par école (psychologue, orthopédagogue, travailleur social, éducateurs spécialisés).
  • Réduction du ratio élèves/enseignants.
  • Intégrer tous les élèves (même ceux des classes régulières) dans un profil de leur choix (sport-art-musique) afin de mieux les stimuler et les aider à apprendre (au secondaire).
  • Valoriser la profession d’enseignant, notamment en les consultants ou en écoutant les solutions qu’ils proposent.