Pont Jeanneau : le Ministère a manqué de planification, dénoncent la Ville et des entrepreneurs

Des entrepreneurs de la région, de même que la Ville de Sainte-Martine, dénoncent «le manque de planification et de communication» du ministère des Transports du Québec (MTQ) concernant la nouvelle restriction de 10 tonnes pour les poids lourds qui circulent sur le pont Paul-Jeanneau.

Le 18 juillet dernier, le MTQ annonçait une nouvelle limite imposée sur les poids lourds empruntant le pont Jeanneau avec l’objectif «de préserver l’état actuel de la structure du pont jusqu’à ce que des travaux soient réalisés». La nouvelle mesure était rentrée en vigueur sur le champ.

Jérémie Montpetit est un producteur et entreposeur de grains Martinois, dont les camions du service transporteur qu’il embauche passent régulièrement sur le pont. Selon lui, plusieurs entreprises n’ont pas appris la nouvelle à temps.

De plus, la signalisation routière n’est pas assez visible, ajoute-t-il. «Quand on vient de la route 138, elle est derrière un arbre. Alors on ne la voit qu’à la dernière minute puis quand on la voit, c’est trop tard, dit-il. Quand tu es rendu sur l’entrée du pont avec un 53 pieds, tu ne peux pas reculer.»

Dans un courriel envoyé au Soleil de Châteauguay en soirée le 5 août, Marie-Michelle Pilon, conseillère en communications du MTQ, affirme qu’un panneau à message variable à l’intersection des routes 205 et 138 a été installé au cours de la semaine. Mme Pilon ajoute que la Ville de Sainte-Martine a procédé à de l’émondage de branches autour de la signalisation affichant le «10 tonnes» afin de rendre le panneau le plus visible possible.

Un manque de coordination?

Pour sa part, la Ville de Sainte-Martine assure avoir été surprise par la décision du Ministère de limiter le poids des camions à 10 tonnes et déplore son «manque de coordination».

«Si la municipalité avait eu cette nouvelle en amont, elle aurait pu poser ses questions et émettre ses craintes», fait savoir la Ville dans un communiqué. 

Elle dit avoir demandé au MTQ un échéancier précis pour les prochaines étapes de même que des informations «sur le vrai état du pont», sans recevoir des réponses.

Questionné, le Ministère soutient avoir informé la Ville dès qu'il a connu la date d’entrée en vigueur de la mesure. «Le tout s’est effectivement fait rapidement, soit en une seule journée, le 18 juillet 2022», indique la conseillère en communications. 

Le projet de la réparation du pont est à l’étape de l’étude des besoins et solutions, et il n’est donc pas possible de fournir un échéancier précis pour le moment, déclare Mme Pilon.

Un détour plus long que prévu

Le ministère des Transports propose aux camionneurs de faire un détour sur la route 205 pour contourner le pont. Il s’agirait, selon lui, d’un délai d’environ sept minutes.

Pour M. Montpetit, c’est plutôt une prolongation d’environ 15 minutes, qui viendrait avec des dépenses supplémentaires liées au kilométrage.

Le délai serait d’environ 20 minutes pour les camions de l’entreprise Bonduelle, explique son directeur d’usine, Pablo Saval. Ces derniers circulent peu sur le pont Jeanneau, mais des dépenses supplémentaires sont quand même à prévoir.

Plus de 13 000 véhicules de plus de 10 tonnes passent sur le pont par année, affirme la Ville. Ces camions seraient détournés vers la route 205, «déjà amputée d’une voie». Celle-ci est en attente de travaux depuis plus de cinq ans.

La municipalité assure surtout craindre pour la sécurité des cyclistes, des automobilistes et des infrastructures qui se trouvent sur les chemins du détour.