Culture

Une nouvelle vocation culturelle pour la Villa Marguerite

le mercredi 22 septembre 2021
Modifié à 15 h 52 min le 24 septembre 2021
Par Paula Dayan-Perez

pdayan-perez@gravitemedia.com

Jadis réservée aux Sœurs grises et inutilisée par la Ville de Châteauguay, la Villa Marguerite a désormais une nouvelle vocation : faire rayonner les artistes d'ici comme Claudette Poirier. (Photo : Gracieuseté)

Après bientôt deux ans de pandémie, des artistes de l’Association d’arts visuels du Grand Châteauguay se réjouissent de pouvoir présenter leurs œuvres à un endroit aussi enchanteur que la Villa Marguerite, à l’Île Saint-Bernard. Cette exposition d’art visuel est d’ailleurs la première d’une série d’activités culturelles prévues dans cette maison patrimoniale. 

L’année dernière, l’exposition de l’Association d’arts visuels du Grand Châteauguay avait dû être annulée en raison des restrictions sanitaires. Depuis 20 ans, l’Association présentait ses œuvres au Centre d'hébergement Champlain, qui offre des soins de longue durée à Châteauguay.

Depuis quelques mois, les artistes ont l’opportunité d’exposer leurs œuvres à l’île Saint-Bernard, un lieu touristique très fréquenté.

Hélène Leblanc y présente ses huiles, des scènes de nature avec des cours d’eau, des montagnes, des boisés, des figures humaines vues au loin.

«Ça me fait énormément plaisir. J’adore être à l’Île. Je viens souvent de toute façon. Je fais beaucoup de marches ici, exprime Mme Leblanc. À la Villa, la visibilité est là, c’est sûr. On rencontre des gens et on se sent moins isolés. On a besoin d’être vus», dit-elle. 

Jusqu’à la fin octobre, une soixantaine d’œuvres de tout type de médium, allant de l’acrylique, aux tissus, de même que le verre artisanal y sont présentées. Des œuvres sont également présentées au Manoir D’Youville et au Bistro La Traite.

Une variété d’activités également sont offertes jusqu’en décembre, comme des ateliers, des démonstrations d’art, et même la possibilité de rencontrer des artistes pendant qu’ils travaillent à l’extérieur. Les visiteurs peuvent leur poser des questions pendant qu’ils mettent peinture sur toile.

Hélène Leblanc expose ses œuvres à la Villa Marguerite. (Photo : Le Soleil de Châteauguay – Paula Dayan-Perez)

 

Rencontre avec les artistes

L’artiste Karine Lambert a adoré jaser avec les visiteurs lorsqu’elle a peint à l’extérieur, devant la Villa. «L’intéraction qu’il y avait était tellement valorisante, exprime-elle. C’est enrichissant parce que tu apprends, et tu peux communiquer avec eux. C’est génial». 

Selon l’artiste Karine Lambert, peindre devant des visiteurs a été une expérience enrichissante. (Photo : Le Soleil de Châteauguay – Paula Dayan-Perez)

 

Combiner art et histoire

Selon la présidente de l’Association, Marie-Josée Corbeil, l’emplacement de la Villa Marguerite ajoute une nouvelle dimension à l’exposition d’arts visuels. En plus de découvrir les œuvres d’artistes locaux, les visiteurs peuvent tisser des liens avec l’histoire de la région.

«Je pense que c’est de se réapproprier ce lieu-ci, affirme Mme Corbeil. La majorité des gens à Châteauguay ignorent qu’ici il y avait un fort par exemple, que c’est le berceau de la seigneurie de Châteauguay. Mais le contact avec l’art, ça nourrit les gens. Les citoyens l’on décrit un peu comme une richesse de notre territoire. Ça fait vivre l’endroit».

Maison historique

L’ajout d’événements culturels dans la Villa Marguerite n’est pas le fruit du hasard. Un comité avait été chargé d’analyser les scénarios possibles quant à l’avenir du Manoir D’Youville et de la Villa Marguerite. Dans son rapport déposé en 2020, le comité a soulevé l’idée que cet endroit devienne un lieu de création et diffusion culturel qui mettrait en valeur le patrimoine et l’histoire de la présence des Sœurs grises de Montréal à l’Île Saint-Bernard.

Jean-Martin Côté, directeur général du Manoir D’Youville, a décidé de former une alliance avec l’Association d’arts visuels du Grand Châteauguay, entre autres, et fait faire des rénovations mineures à l’intérieur de la Villa pour la préparer à des activités culturelles. 

«[On voulait] faire revivre les lieux pour que les gens puissent les connaître et voir l’histoire qui est rattachée à tout ça. C’est ce qui manquait dans cette villa-là. Elle n’avait jamais été exploitée vraiment explique M. Côté. Le directeur ajoute qu’il aimerait installer des locaux d’artistes au deuxième étage de la Villa.

L’Association ne paye pas de loyer pour l’exposition. «Tant qu’à l’avoir fermée à longueur d’année, on a décidé de faire cette collaboration-là avec Mme Corbeil et l’Association, indique le directeur. On s’entend très bien. Je pense que c’est le début d’une belle alliance».

D’autres projets, comme une retraite d’art et un marché de Noël sont prévus dans les mois à venir. 

À la fin du mois d’août, des élèves du Collège Héritage ont également présenté leurs photos à la Villa Marguerite.

256 ans d'histoire

La seigneurie de Châteauguay a été achetée en 1765 par Marguerite d’Youville, mère fondatrice des Sœurs grises de Montréal. Cultivées, ces terres ont servi à nourrir les malades de l’Hôpital général de Montréal. À l’abolition des seigneuries en 1854, les sœurs ont conservé l’île Saint-Bernard. En 1961, un pont reliant l'île à la rive a été construit.

En 1993, les sœurs se sont entendues avec la Fondation de la faune du Québec pour la création du Refuge Marguerite-d'Youville. En 2011, la Ville de Châteauguay a fait l’acquisition du tertre. Les dernières religieuses qui demeuraient à l’île ont quitté en 2014.
 

La Villa Marguerite est située non loin du pont qui mène à l’île Saint-Bernard. (Photo : Le Soleil de Châteauguay – Paula Dayan-Perez)